Newsletter Subscribe
Enter your email address below and subscribe to our newsletter
Tel Sylvester Stallone dans Expendables, la rédaction d’Accréds a constitué un commando de choc pour vous proposer un guide, un agenda commenté des festivals à suivre en France et ailleurs, en 2013 et après : les incontournables, les mêmes, les autres, les nouveaux-nés, les vieux, les jeunes. Il a fallu choisir. Le mieux était encore de laisser la parole à ceux qui les ont fréquentés, chroniqués, une fois, deux fois ou plus. Et vous, quel sera votre prochain festival ?
FESTIVAL CINELATINO DE TOULOUSE
par Thomas Messias
Pour son 25ème anniversaire, le festival CinéLatino de Toulouse consacrera une partie importante de son programme au thème « cinéma et politique ». Au programme : débats, invités, panoramas en pagaille, et un déluge de films rares et précieux à faire pâlir d’envie les amoureux du cinéma d’Amérique Latine. Belle singularité du festival toulousain : la section « Cinéma en construction », qui permet à des réalisateurs sans le sou, bloqués au stade de la post-production ou contraints d’interrompre leur tournage en cours de route, de présenter leur oeuvre inachevée à des producteurs afin de relancer la machine. Ces dernières années, les argentins Villegas et Enfance clandestine, ainsi que les chiliens Bonsai et Près du feu, ont pu bénéficier de ce dispositif.
Mémorables…
La fabuleuse parade de début de festival, sorte de latino pride qui donne d’emblée une idée de l’ambiance générale.
Le dynamisme des membres de l’association Espagnolas en Paris, expatriés hispanophones et cinéphiles jamais à court d’énergie.
Toulouse au début du printemps, c’est souvent un grand bonheur niveau météo.
Le e Festival CinéLatino de Toulouse se déroulera du 15 au 24 mars 2013
CINEMA DU REEL – Paris / Festival du documentaire
par Camille Brunel
11 jours de printemps au Centre Pompidou, à Paris, pour se demander ce que c’est que le réel et ce qu’on en a fait : de la matérialité des films expérimentaux – réalité du matériel utilisé – à celle des balles qui fusent autour de la caméra des documentaristes – on se souvient de Five Broken Cameras, découvert au Réel l’année dernière et nominé aux Oscars 2013. Le Cinéma du Réel, c’est l’occasion de faire le point, dans tous les sens du terme, sur ce qui existe et que l’on ignorait.
En compétition, 12 films du monde entier, 12 premiers films, 12 courts-métrages et 10 films français. Restons dans les chiffres : pour les 40 ans de l’instauration de la dictature chilienne, une rétrospective sera consacrée au cinéma documentaire qui a tenté de la cerner, avant, pendant ou après. Autre anniversaire, moins funeste, celui du festival. Qui le célèbre chaque année, certes – mais ce sera cette fois un chiffre rond, autant que cinégénique : la rétrospective 35 ans, 35mm s’intéressera aux réalisateurs œuvrant encore en argentique aujourd’hui.
Cette édition permettra aussi de découvrir la façon dont l’Inde se fait image à travers l’objectif du documentariste Anand Patwardhan, qui sera présent, et de redécouvrir Stephen Dwoskin, cinéaste expérimental mort l’an dernier. Le Réel sera aussi politique, avec un focus sur l’Iran orchestré par Mehran Tamadon, réalisateur de Bassidji. Enfin, tout un cycle sera consacré à l’utopie et à l’imaginaire – au réel soumis à l’idéal. Joli clin d’œil de Maria Bonsanti, toute nouvelle directrice artistique, qui programme pour la première fois son Réel idéal.
C’est l’occasion…
De découvrir des films passionnants qui ne seront pas distribués en salles
De toucher de l’image, de goûter à la multiplicité de ses textures
De voir la fosse de Beaubourg : impression de découvrir des secrets au fond d’une crypte
De manger au bar bio, Bagels et salades qui vaut le détour !
De se rendre compte de la vertu encyclopédique du festival : Cinéma, Histoire, géo, socio, écologie…
La 35e édition de Cinéma du Réel se tiendra du 21 au 31 mars 2013
http://www.cinemadureel.org/fr
RENCONTRES DU MOYEN-METRAGE – Brive / Festival du moyen-métrage
par Camille Brunel
24h après la remise des prix à Beaubourg s’ouvrira pour six jours le Festival de Brive, et ses rencontres du moyen-métrage, devenues le bon génie de bien des jeunes (et bons) réalisateurs promis aux fauteuils des Césars. La Vie Parisienne de Vincent Dietschy (prix Jean Vigo après avoir été prix du public à Brive) ainsi que Ce qui restera de nous, de Vincent Macaigne (Prix Ciné+) comptent en effet parmi les courts-métrages césarisables annoncés le 25 janvier. Belle victoire pour les programmateurs, Sébastien Bailly et Isabelle Mayor, qui aborderont cette 10e édition avec deux fois plus de bonnes raisons de faire la fête.
En guise de Champagne, on trouvera pour la première fois une sélection de moyen-métrages d’animation, seul genre qui manquait au festival, déjà ouvert à la fiction, au documentaire et à l’expérimental. Pour leurs 10 ans, les rencontres professionnelles prendront de l’ampleur, et un atelier de création semblable à celui des Trois Continents de Nantes sera mis en place en plus du concours de scénario ; enfin, le focus sur un pays sera cette année consacré à la Grande-Bretagne.
Un anniversaire, c’est bien cela : le savant dosage de surprises et de traditions. A quoi s’attendre, alors ? Dans la compétition européenne, scrupuleusement mixte, à deux ou trois films Fémis, quelques clins d’œil à Jean-Claude Brisseau, quelques histoires en maison de campagne (ou sur une île)… On serait curieux de retrouver une production Emmanuel Chaumet (Justine Triet, Sophie Letourneur) et, avec Orléans, Virgile Vernier, qui avait été primé en 2011 pour Pandore. Pour le reste, eh bien : surprise.
Vive…
La proximité entre le public et les cinéastes, sur le tapis rouge du Rex
La diversité de la compétition, véritable condensé de la production européenne
L’after dans un petit bar, où tout le monde est invité !
L’espoir d’une relève de qualité pour le cinéma français (Pariser, Brac, Macaigne, Dietschy…)
Le cash-converter de Brive, mine de DVD introuvables.
La 10e édition se tiendra du 2 au 7 avril 2013
http://www.festivalcinemabrive.fr/home.php
FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM POLICIER DE BEAUNE
par Thomas Messias
S’il manque singulièrement de lieux de rencontres et d’un centre névralgique permettant rencontres autour du cinéma, le successeur du festival de Cognac sait se faire attractif grâce à une programmation resserrée et souvent exigeante, proposant une compétition principale et une autre réservée aux jeunes réalisateurs. Et pour que la police ait pleinement son mot à dire, un jury de flics ou anciens flics est constitué chaque année afin de décerner un prix. Beaune, c’est l’idéal pour passer un long week-end entre bonnes tables et chouettes polars de tous horizons.
Que serait Beaune sans…
La gastronomie locale, dont profitent allègrement les membres du jury une fois la journée de projections terminée.
La chaleur des projections, où la distinction jury / journalistes / public est très très fine.
La beauté de la ville et de ses remparts, qui rend les promenades d’entre films beaucoup plus attrayantes que la moyenne.
http://www.
Le 5e Festival International du Film Policier de Beaune du 3 au 7 avril 2013
ANNECY – Festival du film d’animation
par Camille Brunel
Début de l’été, retour des beaux jours, touristes allongés sur la pelouse au bord du lac d’Annecy… Des touristes ? Bien-sûr que non : ils portent tous un badge, accèdent au marché du film, aux projections, aux masterclasses : Annecy, depuis plus de 50 ans, centralise début juin, sur six jours, ce que la Terre compte d’animateurs en devenir et d’animateurs devenus. Passionnés d’animation, c’est-à-dire de mouvement autant que d’âme. Des fêtards et des artistes : ce que l’on retient d’Annecy, plus encore que les œuvres présentées – où la technique prime souvent sur le fond, il faut bien le reconnaître – c’est l’ambiance.
Cette année, Serge Bromberg cède sa place de délégué artistique à Marcel Jean, directement importé de l’université de Montréal et de la cinémathèque québécoise. La Pologne sera mise à l’honneur avec une cinquantaine de courts-métrages prévus, et l’on peut s’attendre au meilleur, vu la qualité d’un film d’animation en 3D consacré à Chopin, The Flying Machines – The World of Chopin’s Etudes, découvert à Annecy en 2011.
Annecy est d’abord un festival de la forme, de la recherche technique. Cette année, l’exploration formelle aura son cycle, « Animation off-limits », consacré aux films hybrides – de quoi en prendre plein les yeux. Faire la liste de toutes les autres sections prendrait des pages, le programme d’Annecy reste l’un des plus épais de l’année (malheur à celui qui oublie de l’ôter de sa sacoche en début de journée !). Longs métrages, courts, pubs, programmes pour enfants, rétrospectives, avant-premières, œuvres encore inachevées… Des heures à se gaver d’images animées, avant de retourner s’étendre face au lac immobile.
On retiendra…
Le cadre savoyard, somptueux.
Les masterclasses (Pixar, ILM… On se souvient aussi de celles de Matt Groening, Carlos Saldanha, John Musker & Ron Clements…)
Le générique d’ouverture, son lapin, ses avions de papier, son ambiance de fond de la classe
Les films, souvent très beaux, même quand ils sont bêtes
Le public de passionnés !
La 54e édition se tiendra du 10 au 15 juin 2013
http://www.annecy.org/
CONTIS
par Laura Tuillier
Le festival international du film de Contis, créé par Betty Berr, ancienne actrice de Tony Gatlif et de Jean-Luc Godard (France/tour/détour/deux/enfants) et son époux Rainer, anime la vie landaise chaque printemps depuis 17 ans. Le festival permet de dynamiser la vie du petit cinéma Art et Essai de Contis et s’est enrichi depuis quelques années d’une résidence qui permet aux auteurs de venir développer leur long métrage.
Du côté de la compétition, on trouve un joyeux fourre-tout de courts métrages inégaux, du film presque amateur tourné par un lycéen et sa bande de potes (l’année dernière, We Are your Friends de Léopold Dewolf) au film déjà trop vu en festivals (toujours en 2012, Méditerrannées d’Olivier Py). La sélection de longs métrages (non compétitive) peut elle s’avérer de meilleure tenue. Ainsi, l’année dernière on avait pu découvrir lors de sa première française Aujourd’hui, le beau film d’Alain Gomis, qui n’avait pas alors de date de sortie.
Après l’orgie cannoise, Contis vient à point pour nous rafraîchir. De la magnificence de la Côte d’Azur, on passe à la simplicité du Sud Ouest : le prix du public est décerné à l’applaudimètre, les soirées se finissent sous les étoiles, les interviews ont lieu à l’heure du brunch. Cool.
Beau souvenir de…
L’équipe du festival, haute en couleur et très chaleureuse
La Lande, ses marées, son ciel étoilé
L’ambiance bon enfant, tout le monde dort au camping
La 18e édition du festival de Contis se déroulera du 20 au 24 juin 2013
FESTIVAL BIARRITZ AMÉRIQUE LATINE
par Thomas Messias
Créé en 2005, le festival biarrot est le petit frère hyperactif de son homologue toulousain, idéalement situé pile 6 mois avant (ou pile 6 mois après, comme vous préférez). Outre des avant-premières et des panoramas, Biarritz fait le pari de s’ouvrir à d’autres arts et cultures, en proposant rencontres universitaires ou salons littéraires à échelle humaine. Le chaleureux village du Festival, ouvert de 9h à 2h du matin, accueille en outre des groupes de musique, des artisans et des restaurateurs tous issus d’Amérique Latine. Biarritz, c’est de la culture quatre étoiles et du dépaysement à tous les étages.
Pour tout vous dire…
On a connu plus désagréable que l’été indien biarrot.
Impossible de mourir de faim ou de soif, il y a toujours de quoi se sustenter gaiement au village du festival.
Joviale et accueillante, la population locale vous donnerait presque envie de sécher les projections.
Le 22e Festival Biarritz Amérique Latine du 30 septembre au 6 octobre 2013
http://www.festivaldebiarritz.
WAR ON SCREEN – Châlons, Suippe, Mourmelon / Festival du film de guerre
par Camille Brunel
En automne, on peut rejoindre la Marne pour vendanger. Certes. Cette année, pour la première fois, les visiteurs saisonniers s’y adonneront cependant à une activité bien meilleure pour le dos, avec la première édition du festival War on Screen, consacré aux films de guerre – « C’est c’que j’préfère » (dixit SanSeverino, qui connaît bien le coin). Centralisé à la Comète, scène nationale de Châlons-en-Champagne – à une heure de TGV de Paris – le festival a pour délégué général Philippe Bachman, également directeur du théâtre. Les projections essaimeront dans deux villes à portée de route nationale, Mourmelon et Suippe, célèbres pour leurs garnisons (on en parle dans Band of Brothers, c’est dire).
War on Screen n’apparaît pas n’importe quand. L’année prochaine, 100 ans se seront écoulés depuis 1914. Une section « archives » se consacrera du coup cette année au cinéma des avant-guerre, tous pays, toutes époques, tous support confondus – il faut s’attendre à des trésors de cinéma muet exhumés pour l’occasion. Qu’on ne s’imagine pas un festival de passionnés de guerre : il s’agit avant tout de cinéma. Parmi les quatre programmateurs, aux côtés de Stéphane Bergouhnioux et Olivier Broche, comptent Stéphane Bou et Jean-Baptiste Thoret, tous deux passés par Charlie Hebdo. Pas de coïncidence : Cabu, le caricaturiste du célèbre journal, est originaire de Châlons. C’est le paradoxe de la ville, cité militaire ayant donné naissance à l’un des plus célèbres pacifistes français.
Parrainée par Albert Dupontel, qui endossait l’uniforme dans L’ennemi intime, le festival rassemblera un jury de six professionnels – on raconte qu’Oliver Stone a été approché… Cinq prix seront décernés, pour une compétition officielle de 15 films, fictions comme documentaires, du monde entier ; un jury lycéen se chargera de récompenser l’un des 15 courts-métrages projetés. Et pour détendre l’atmosphère, une rétrospective s’intéressera aux comédies de guerre, de Chaplin à Stiller, tandis que toute une section du festival se penchera sur les jeux vidéos : tables rondes, sessions collectives, masterclasses. Du Champagne et des jeux ? Certes mais avant tout – du cinéma.
Croyez-moi…
Le Champagne du bar devrait valoir le coup.
C’est la première édition : l’atmosphère des débuts a toujours son charme.
Masterclasses jeux vidéo : comme chez Tarantino, on se parle, puis on se flingue.
Comme à Brive, quoique Châlons soit plus grande, il devrait être assez simple de rencontrer les professionnels
Et comme au Réel, c’est l’occasion de revoir le programme d’Histoire !
La 1ère édition se tiendra du 2 au 6 octobre 2013
http://www.paysdechalonsenchampagne.com/wp-content/uploads/downloads/2012/09/d%C3%A9pliant-war-bat.pdf
DINARD
par Mélissa Blanco
Rendez-vous immanquable des amoureux de cinéma britannique, le festival de Dinard a cette singularité de ne pas avoir pour ambition de devenir un événement à l’ampleur nationale, bien au contraire. Présidé par la maire de la ville, Dinard jouit, outre d’un cadre idyllique, d’une ambiance tout à fait particulière: ici, pas de caste de cinéphiles mais un festival public, pour le public.
Tous les automnes, la ville se fait ainsi le miroir d’une certaine tendance du cinéma britannique et met l’accent sur la découverte de nouveaux talents. Shane Meadows, Sean Ellis, Lenny Abrahamson, Duncan Jones et même Christopher Nolan – pour son premier film The Following – y ont été découverts, côtoyant les anciens à qui le festival rend chaque année hommage.
Et puis de toute façon, si la sélection ne vous botte pas, il reste toujours l’excuse d’aller manger une crêpe au citron lors d’un week-end au bord de mer !
Cinq bonnes raisons d’y aller…
La convivialité et l’accueil
La compétition, riche en découvertes
Le bar du festival, ouvert toute la nuit aux équipes de films comme au public…et la possibilité de danser sur le dance floor avec un jeune acteur, avant de faire son interview au petit matin
Le bord de mer et la statue d’Hitchcock, emblème de la ville
L’organisation
La 23ème édition se déroulera du 2 au 6 octobre 2013.
http://www.festivaldufilm-dinard.com/
BORDEAUX ou le FIFIB
par Hendy Bicaise
Le Festival International du Film Indépendant de Bordeaux, ou FIFIB, est une toute jeune manifestation. Sa première édition remonte à octobre dernier, et fut un succès. La suivante, vous l’auriez deviné, se tiendra en octobre 2013. Sans doute, les programmateurs sauront reconduire ce qui fit du premier FIFIB une réussite : à savoir une judicieuse et charmante adéquations entre la jeunesse du festival, celle des réalisateurs invités, de leurs créations (uniquement des premières et des secondes réalisations) et, enfin, celle des personnages visibles sur les écrans (en témoignent Les coquillettes, Gimme the Loot, Antiviral ou ou encore le film qui remporta la première Lune d’or, Rengaine).
Près de neufs mois avant l’arrivée du nouveau bébé, difficile de décrire ce à quoi il pourrait ressembler. Des films déjà présentés à Berlin, Cannes, Locarno ou Venise ont des chances d’intégrer la sélection 2013. Seulement, et c’est un signe marquant de son évolution grimpante, cette année pourrait aussi voir des projets neufs, spécifiquement soumis au FIFIB, grandir les rangs de la compétition internationale. «Petit», «bref», «jeune», «frais», le champ lexical du festival bordelais garde sa cohérence et sa ligne de conduite de bout en bout : on attend donc encore pour 2013 des séances scolaires, des rencontres autour du court-métrage ainsi que des rétros et focus reposant sur une poignée de films seulement (ici, il est enfin possible de tout voir !),
Il faut savoir que….
Bordeaux, la ville du vin… C’est une autre bonne raison de faire un tour au FIFIB : profiter de ses meilleurs bouteilles, après ou avant une séance. Francis Ford Coppola, le plus célèbre des cinéastes-vignerons, ne devrait pas bouder un tel programme.
L’endroit de prédilection pour cela est le village du festival. Située sur le quai Richelieu, qui induit une vue enchanteresse sur la Garonne, la Maison Ecocitoyenne permet de se reposer entre les films, de manger de bons plats et d’être presque assuré de s’adonner à ces activités à quelques tables seulement des membres du jury et des équipes des films invitées.
Enfin… Aucune raison de le cacher : l’un des trois fondateurs d’Accreds, Nathan Reneaud, est l’un des programmateurs du FIFIB. Ceci ne nous a aucunement empêché de dire tout ce que l’on pensait du festival au mois d’octobre. Ah ça, non ! Bon, soit, nous n’avons eu à en dire que du bien… Mais prends garde, cher FIFIB 2013, nos attentes sont encore plus fortes !
La deuxième édition du FIFIB se déroulera du 9 au 15 octobre 2013.
http://www.bordeaux-festival.
LES RENCONTRES CINÉMATOGRAPHIQUES DU BELVÉDÈRE DU RAYON-VERT A CERBÈRES
par Arnaud Hée
C’est un festival niché à la frontière franco-espagnole, qui se tient dans un vaisseau de béton aussi élégant que décrépi coincé entre la Méditerranée et les voies ferrées. Le lieu contient une salle de cinéma hors du temps, mais pas hors d’usage. C’est un festival transfrontalier qui s’amuse avec les lignes de partage traditionnelles fiction-documentaire. Le choix des films réside largement en des cartes blanches accordées à des programmateurs de divers festivals – comme le FID de Marseille. C’est un festival frontalier où le palmarès (court-métrage et moyen ou long) est proclamé à la frontière par l’initiateur de la manifestation, le cinéaste Patrick Viret. Les prix consistent en un carton contenant quelques bouteilles d’un excellent vin local ; les lauréats sont invités à une résidence dans l’année, afin d’initier un projet cinématographique.
On a pu y…
Découvrir Logoden de Jean Fraysse et Aurélie Bonamy
Prendre les repas dans la salle panoramique, sous la férule de la charismatique « gardienne » du lieu
Faire le plus long voyage possible en TGV à l’aller, et rentrer en train couchette
Se baigner début octobre
Avoir mal aux fesses sur les vieux sièges mais en être heureux
Pas encore de dates pour la prochaine édition
http://www.rencontrescerbere.org/
LA ROCHE-SUR-YON
par Laura Tuillier
Le festival de La Roche-sur-Yon fait figure de nouveau né dans la grande famille des festivals hexagonaux : le bébé a trois ans et se porte fabuleusement bien. Conçu par le critique Emmanuel Burdeau (fondateur des éditions Capricci), le FIF a su en trois coups gagnants trouver son credo : pas question pour ce festival d’automne de rivaliser avec les géants du domaine mais plutôt de proposer une programmation diverse et élégante, qui conjugue allégrement cinéma contemporain, culte et méconnu. Ainsi, en 2010 et 2011, Mathieu Amalric jouait sa carte blanche, Kathryn Bigelow avait droit à une rétrospective, James L. Brooks venait présenter ses films tandis que François Bégaudeau programmait une réjouissante sélection autour de la thématique « ville-campagne ». Quant à la compétition internationale, de bonne tenue, elle fait la part belle aux premières : en 2011, Les Chants de Mandrin de RAZ, en 2012, Pincus de l’Américain David Fenster.
De l’édition 2012 on retiendra : la présence mythique de Jean-Pierre Léaud, invité d’honneur, la nuit de l’apocalypse présenté par Peter Szendy et la carte blanche à Miguel Gomes qui a programmé une belle constellation de films « autour » de Tabou.
La Roche-sur-Yon, petite ville napoléonienne assez ingrate, se trouve au mois d’octobre transfigurée par le festival. Attention les yeux.
On kiffe…
La qualité des échanges post projections entre les spectateurs et les intervenants
L’ambiance garantie par les nombreux invités, que l’on finit par croiser tout le temps
Le très bon resto bio du festival
Pas encore de dates pour la 4e édition
www.fif-85.com
LES 3 CONTINENTS
par Nicolas Thévenin
Depuis 1979, le Festival des 3 Continents de Nantes valorise les cinématographies d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, avec une priorité qualitative et une constante exigence. Si dans les années 1980, la manifestation créée par les frères Jalladeau, qui constituait une initiative isolée mais accompagnée par des individualités notoires, comme Serge Daney, a permis de faire découvrir ou de conférer une visibilité occidentale à quelques cinéastes majeurs (Abbas Kiarostami, Amir Nadéri, Hou Hsiao-hsien, Edward Yang, Souleymane Cissé, Idrissa Ouedraogo, et d’autres encore), la concurrence entre festivals et l’accès plus immédiat aux films a rendu sa capacité de défrichage moins évidente ces dernières années. D’où la nécessité de repenser les frontières catégorielles et de se saisir vivement des enjeux du cinéma moderne : les compétitions fiction et documentaire se sont scindées, les installations vidéo sont apparues, l’animation a intégré les programmations – de manière encore trop parcimonieuse.
Jérôme Baron, directeur artistique, et Charlotte Garson, co-programmatrice de la compétition, orchestrent cette revitalisation de l’articulation entre le patrimoine et le contemporain : en 2012, la (re)découverte de l’étonnamment méconnu Shinji Sômai côtoyait le cinéma de genre le plus inventif (rétrospective Milkyway Images), à l’image d’un festival qui déploie un cosmopolitisme ludique, et accentue son caractère prospectif. Par l’intermédiaire du séminaire Produire au Sud, tout d’abord, qui vise à faire converger les projets, énergies et savoir-faire de réalisateurs et producteurs latino-américains, africains et asiatiques. Par la réaffirmation, également, d’une politique forte d’éducation à l’image et de sensibilisation, qui s’appuie sur une programmation thématique (Figures du héros en 2011, Vivre la ville en 2012) pour construire des parcours de spectateurs et de découverte d’enjeux esthétiques et narratifs spécifiques.
Pouce en haut pour…
La qualité et l’exigence de la programmation
Le Cosmopolis, centre névralgique et lieu de rencontres du festival
La programmation consacrée au jeune public
Le travail de co-production et de défrichage de Produire au Sud
Les présentations de films
L’inspiration renouvelée chaque année pour les rétrospectives
Pas encore de dates pour l’édition 2013 (dernière édition : 20-27 novembre 2012)
http://www.3continents.com/fr/
BELFORT
par Laura Tuillier
Le festival de Belfort est un vieux de la vieille. Dans sa jeunesse, il s’appelait le festival des jeunes auteurs et se consacrait au cinéma français. En 1986, Janine Bazin le toilette et le rebaptise le festival Entrevues. Dirigé depuis 2006 par Catherine Bizern, co-fondatrice des rencontres du cinéma documentaire de Montreuil, le festival belfortin est le grand rendez-vous du cinéma à l’Est. De par sa durée – près de deux semaines – et la diversité de ses programmes, il est presque immanquable en fin d’année.
La bonne idée de la compétition (qui pioche pas mal dans des festivals internationaux comme Locarno) c’est de proposer à chaque fois un double bill composé d’un court et d’un long métrage, uniquement des premiers films, qui dialoguent judicieusement ensemble. Ainsi, cette année, on a pu voir Vilaine Fille, mauvais garçon de Justine Triet suivi de Dipso de l’Américain Théodore Collatos, deux films sur le malaise d’adultes mal grandis. L’autre point fort, c’est la diversité des programmes parallèles. Rétros gonflées (cette année Jean-Pierre Mocky, Rob Zombie et Lubitsch), sélections thématiques intrigantes (L’Argent, Piratages, L’un e(s)t l’autre) et cartes blanches savoureuses (en 2012, une excellente programmation du magazine Art Press) garantissent au festivalier des journées sans répit. Et comme le festival est très tourné vers la jeunesse, les séances se déroulent en compagnie d’une flopée de kids cinéphiles.
C’était réussi…
Le majestueux lion qui veille sur les festivaliers depuis la citadelle
Le regroupement de toutes les séances au sein du même multiplexe : pas forcément charmant mais très pratique
En 2012, la grande après-midi Art Press consacrée aux rapports entre cinéma et art contemporain
Pas encore de dates pour la 28e édition
www.festival-entrevues.com
MONDE
Regards croisés sur ROTTERDAM
C’est le paradis du cinéma indépendant, autant pour les réalisateurs que pour les spectateurs. L’amour des films se respire dans l’air froid de l’hiver néerlandais, qui invite à rester à l’intérieur des salles et des divers espaces du festival. Dans les halls des multiplexes ou les cafés du Doelen, tout le monde se côtoie sans façons, peu importe s’ils ont un badge, et de quel type. Car il est difficile de dire pour qui est vraiment le festival de Rotterdam : pour la communauté internationale qui s’y retrouve, venue de tout le monde, ou pour ce public local avide d’images, de découvrir, de partager, de rencontrer, qui remplit les salles même pour les titres les plus obscurs et aux horaires les moins engageants. C’est, simplement, pour tous.
Le festival, qui accueille de nombreuses activités parallèles relevant de différentes disciplines artistiques, se structure autour de quatre sections principales. Les seules sélections compétitives sont celles des Tiger Awards, qui octroient trois prix équivalents à des courts et trois à des long-métrages, ces derniers allant à des réalisateurs qui commencent. Pour les talents émergents mais pas forcément débutants, Bright Future est une vitrine large. Ceux qui ont déjà fait leurs preuves ont leur place dans Spectrum, qui a aussi sa rubrique pour les courts. Enfin, le très hétéroclite Signals inclut plusieurs programmations thématiques et monographiques, dont, cette année, la très attendue intégrale de Kira Mouratova.
Mais l’influence du IFFR ne se limite pas à aider les films indépendants à être vus. Le Hubert Bals Fund a été déterminant pour l’existence de nombre de cinématographies mondiales, par la suite reprises comme des modes par les festivals plus classiques. Le forum de coproduction CineMart a donné l’exemple à ce type de marché aujourd’hui incontournable dans tout festival qui se respecte. Et le Trainee Critics’ Project, qui a épaulé plusieurs générations de jeunes critiques, a aussi inspiré des initiatives similaires dans tout le monde. Bref, Rotterdam, c’est le lieu où les choses se passent en premier.
Pamela Biénzobas Saffie
C’est en général mon premier festival de l’année, plutôt pointu, où je viens prendre ma dose d’ « objets » filmiques, expérimentaux. J’y ai découvert « L » de Babis Makridis, que nous avons ensuite sélectionné au Festival du Film Indépendant de Bordeaux. C’est aussi le bon endroit pour découvrir des films japonais, coréens, indonésiens ou sud-américains qu’on voit rarement (ou jamais) en France. J’aime surtout la façon sexy et ludique dont le festival emballe leur réputation de défricheur de films indés radicaux avec des tas d’idées – du crowdfunding de courts métrages par les internautes, un programme « mode et cinéma », un décor d’auberge à la Tigre et Dragon, et la nourriture avec, au centre du festival pendant une rétro sur le wu xia pian… Et tout est central, ce qui est pratique en cette période où c’est très froid et très venteux.
Léo Soesanto
La 42e édition du IFFR aura lieu du 23 janvier au 3 février
GÖTEBORG
par Pamela Pianezza
La compétition officielle compilant souvent d’excellents films, mais déjà vus dans d’autres festivals internationaux plus prestigieux, c’est plutôt pour ses « à côté » que ce festival situé dans le sud ouest de la Suède est devenu incontournable : sa section réservée aux films nordiques ainsi que son marché permettent de se faire une idée, en un temps record, de la très excitante production régionale. Dagur Kári, Tomas Alfredson ou la très prometteuse Lisa Aschan y ont notamment fait leurs premiers pas.
Le 36e Festival International du Film de Göteborg se déroulera du 25 janvier au 4 février 2013
http://www.giff.se/
BERLIN
par Nathan Reneaud
La Berlinale est le deuxième grand rendez-vous de l’année après Rotterdam et la troisième plus grande manifestation cinématographique après Cannes et Venise. Ce n’est pas la compétition officielle qui fait son attrait, même si on y a découvert Tabou de Miguel Gomes l’année dernière, même si la Berlinale a vu ces quinze dernières années les couronnements d’Une séparation, There Will Be Blood, The Ghost Writer, Le voyage de Chihiro, Man on the moon, Magnolia, La ligne rouge, Larry Flint...La manifestation vaut surtout pour ses sélections parallèles, riches en découvertes, avec en tête le trio Panorama, Forum et Berlinale Shorts. Des programmations à privilégier si on reste peu de temps.
L’édition 2013 ne déroge pas à la règle. On pourra y voir ce qui s’annonce comme le meilleur de Sundance : Interior. Leather Bar de Travis Mathews et James Franco, Upstream Color de Shane Carruth, I used to be darker de Matt Porterfield, Computer Chess d’Andrew Bujalski, Don Jon’s Addiction de Joseph Gordon-Levitt.
Importez l’état d’esprit de la Berlinale et ses infrastuctures sur le sol cannois, ou volez la Compétition Officielle et le soleil de Cannes pour les donner à Berlin, vous obtiendrez alors le plus grand festival de toute la galaxie.
Gimme five…
Le confort des salles et la taille des écrans
L’organisation
La mentalité berlinoise (amicalité, décontraction)
La découverte de Vampire de Shunji Iwai en 2011, grand film de vampire éthéré toujours sans distributeur
La nourriture moins chère qu’ailleurs (et le MacDo en face du Palais du festival)
La 63e édition de la Berlinale se déroulera du 7 au 17 février 2013
SOUTH BY SOUTHWEST – SXSW (Austin, Texas)
par Clémentine Gallot
Nouvel acteur du circuit indé américain et terreau du courant « mumblecore », South by Southwest (SXSW) fait de l’ombre à Sundance en attirant films de genre et micro-budgets. Soutenu par la chaîne de cinémas Alamo Drafthouse, le festival est implanté dans la capitale texane, chez Rodriguez et Linklater. SXSW comprend aussi deux autres volets, musique et nouvelles technologies.
La prochaine édition de SXSW aura lieu du 8 au 16 mars 2013
sxsw.ciom/film
Austin’s Powers…
L’atmosphère bon enfant des cinémas « drafthouse » où l’on peut grignoter des nachos en regardant un bon film.
Toute le jeune cinéma indépendant américain s’y retrouve.
La scène musicale et l’effervescence de la nuit texane, qui réquisitionne les églises et les bars pendant le festival.
BAFICI (Buenos Aires Festival Internacional de Cine Independiente)
par Thomas Messias
Pour les amoureux du cinéma latino comme pour les cinéphiles de tous poils, le BAFICI, c’est de la folie furieuse. Créé en 1999, le festival bonaerensen accueille désormais plus d’un millier de films en dix jours, pour une audience en augmentation perpétuelle. Dernier chiffre en date : 250.000 visiteurs venus du monde entier… Un festival-somme, en somme. L’index des films présentés est purement vertigineux, de panoramas thématiques en rétrospectives incroyablement exhaustives… Un événement polymorphe et pharaonique bénéficiant d’une organisation réputée pour son sérieux et sa chaleur.
En plus…
Avec autant de sélections différentes et un nombre de journalistes démentiel, c’est un formidable carrefour de rencontres.
Anglais, espagnol, et même français : l’organisation du BAFICI n’a de mépris pour aucune langue et peut vous filer un coup de pouce dans n’importe laquelle d’entre elles.
C’est à Buenos Aires. Je ne vois pas ce qu’il y a à ajouter.
Le BAFICI se déroulera du 10 au 21 avril 2013
http://www.bafici.gov.ar/home/
Regards croisés sur T-MOBILE NEW HORIZONS (Wroclaw, Pologne)
Le festival polonais fêtera ses 13 ans en juillet. La programmation est à l’image de l’équipe de sélection : jeune et audacieuse. Aucun blockbuster donc, mais des films explorant sans a priori toutes les possibilités du médium, de Rengaine de Rachid Djaïdani à l’improbable Francophrenia de James Franco, en passant par les films d’Ozploitation projetés aux séances de minuit.
Pamela Pianezza
C’est le pendant polonais de Rotterdam et Locarno, dans une très jolie ville qui gagne à être connue. Toutes les séances sont pleines, que ce soit pour un Jason Statham ou une intégrale Godard. J’y ai vu Je vous salue Marie dans un silence… religieux. Le public y est jeune, étudiant, et se déplace des quatre coins de la Pologne pour remplir les salles, qui sont concentrés dans un multiplexe façon MK2. Il y a une grande révérence pour le cinéma : je me rappelle de masterclasses par Bruno Dumont ou Belà Tarr, où l’assistance posait des questions existentielles sur le 7ème art comme si leur vie en dépendait.
Léo Soesanto
Le prochain T-MOBILE NEW HORIZONS se déroulera du 18 au 28 juillet 2013
http://www.nowehoryzonty.pl/index.do
COPENHAGEN INTERNATIONAL DOCUMENTARY FESTIVAL, « CPH :DOX »
par Pamela Pianezza
La capitale danoise accueille depuis dix ans un festival de documentaires intrépide et passionnant, amateur de films hybrides souvent déroutants, sur le fond comme sur la forme. Au hasard : The Act Of Killing, plongée étouffante dans l’histoire indonésienne de Joshua Oppenheimer ou le sidérant Léviathan, de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel.
Aucune date annoncée pour la prochaine édition (précédente édition : 1-11 novembre 2012)
http://www.cphdox.dk/d/index.lasso
KARLOVY VARY (République tchèque)
par Pamela Pianezza
Fondé en 1946, c’est l’un des plus vieux festivals d’Europe. On y prend, entre autre, le pouls du cinéma d’Europe centrale et de l’Est (section « East of the West »). La programmation y est solide, sans chercher à copier les autres grands festivals de catégorie, ce qui passe, notamment, par des incursions dans le cinéma de genre (Baltasar Kormákur y avait remporté le Globe de cristal avec Jar city en 2007)
Le 48e KVIFF se déroulera du 28 juin au 6 juillet 2013
http://www.kviff.com/en/news/
Regards croisés sur LOCARNO
Locarno est un festival fait de contrastes forts, une grande messe du cinéma où les genres les plus divers se côtoient, une manifestation élargissant le spectre cinéphilique de chaque spectateur qui se trouve sur les bords du lac majeur début août entre le soleil du sud et toujours au moins un jour de pluie torrentielle. Ici, les blockbusters sont programmés sur la Piazza Grande à côté de films d’auteurs exigeants et souvent enthousiasmants. On parle ici de l’un des plus anciens festivals du monde. Son aura n’a jamais été remise en cause mais il est vrai que ces trois dernières années, Olivier Père aura réussi à lui donner un nouveau souffle. Aujourd’hui, c’est l’Italien Carlo Chatrian, 41 ans, journaliste, programmateur, professeur, qui après s’être occupé des rétrospectives (Lubitsch, Minelli, Preminger et l’année prochaine George Cukor), reprend les rênes de la direction artistique.
En termes de programmation, le festival suisse est connu pour ses deux compétitions (internationale et Léopard du présent pour les premiers films), sa sélection de courts-métrages (Léopards de demain), ses salles spacieuses et confortables, mais aussi une grande rétrospective et de nombreuses sections parallèles souvent plus intimes et encore plus passionnantes. Une grande importance est accordée aux formats courts avec la compétition qui réunit plus d’une quarantaine de films et une section non compétitive : des courts d’artistes qui montrent des propositions proches de l’expérimental.
Ce qu’il faudrait retenir de Locarno, c’est son ambition de faire vivre « tout l’univers du cinéma à 360 degrés » comme le dit Chatrian. Mais attention, à trop séparer la programmation de la Piazza Grande du reste, il y a un danger de fragmentation des publics entre les cinéphiles, les nombreux professionnels et le grand public qui aurait tendance à n’aller que sur la Piazza Grande.
Locarno offre aussi occasion unique de voir ce que le cinéma américain peut produire de mieux grâce, notamment au programmateur Mark Peranson, aussi rédacteur en chef de la célèbre revue Cinema Scope qui ramène en première mondiale ou européenne des films indés qui sortent du circuit estampillé « Sundance » et aux rétrospectives.
Le séjour reste en revanche coûteux, surtout à cause du change avec le franc suisse. Pour se nourrir, il est possible d’aller à la Migros et à la Coop, les supermarchés locaux mais il sera difficile d’y trouver autre chose que des sandwichs, pizzas et fruits par exemple. Sinon, il faut compter dans les 15 euros par repas. On a hâte de découvrir ce que Carlo Chatrian va concocter pour cette 66ème édition. Souhaitons-lui de remporter un franc succès et de réussir à conquérir le coeur et l’esprit des festivaliers et des cinéastes invités.
On y trouvera…
Un des plus grands écrans au monde sur la Piazza Grande (4500 places), une expérience cinématographique en pleine air collective à vivre (on peut même oser siroter une bière pendant la projection)
Des sommités du cinéma mondial inaccessibles dans un festival comme Cannes avec qui l’on peut ici converser après une projection ou aller écouter en plein air tous les jours pour des rencontres publiques.
Un festival où un jury, comme celui présidé par Apichatpong Weerasethakul, décerne le Léopard d’or à La fille de nulle part de Jean-Claude Brisseau, un film auto-produit que le cinéaste français a tourné dans son appartement de façon artisanale.
Un festival où on peut entrer dans les salles en tongues et manger une glace entre deux films, ou même aller se baigner dans le lac ou les rivières sauvages environnantes après la séance de 9H ou avant celle de 22H.
Une organisation parfaite « made in Switzerland » et une ponctualité redoutable
Un des seuls festivals au monde où les cinéastes en compétition et le public peuvent également découvrir les films des jurés afin de favoriser les échanges entre tous et partager des pronostics
Isabelle Mayor
On ne présente plus le festival (quoique), lui aussi très bon au rayon pépites expérimentales et/ou austères. Le cadre aide beaucoup : le Lac Majeur l’été, c’est magnifique… quand il n’y pleut pas (45% de chances). Et il y a les projections en plein air le soir sur la Piazza Grande, avec l’un des plus grands écrans du monde et un public qui peut atteindre 8000 personnes : y voir Super 8 ou même Cowboys & Aliens fait son effet (même sous la pluie). Je regrette de ne pas avoir été là quand Olivier Père y a fait projeter LA Zombie de Bruce LaBruce sur la Piazza : cela avait dû être épique, le public n’y étant pas forcément préparé.
Léo Soesanto
SAN SEBASTIAN
par Pamela Biénzobas Saffie
Le Donostia Zinemaldia, ou Festival de San Sebastián, est probablement l’événement avec la meilleure qualité de vie, surtout pour celui qui y va pour travailler. Ce n’est pas juste à cause de la beauté indescriptible du paysage, de la gastronomie basque qui fait que même un “pintxo” avalé au passage est un délice, ou du climat qui permet à ceux venus de plus au nord de prolonger un peu l’été quand l’automne s’installe déjà avec le stress de la rentrée. C’est surtout le festival en lui-même, conçu avec les avantages des grands, mais doté de l’organisation maîtrisée des plus petits, par une équipe rodée et incollable. Autrement dit, il s’agit d’un festival de « Classe A », avec un programme vaste et conséquent, mais où les bureaux ferment à midi parce qu’il est normal que les gens mangent. On arrive à voir des films en compétition (parfois de grands noms), à rattraper les gros titres d’autres événements, à suivre des conférences de presse, faire des interviews (en petit comité avec les mêmes figures qui ailleurs ne reçoivent que dans des grosses tables rondes), et même avoir une vie sociale, sans y laisser la santé.
Depuis l’arrivée de José Luis Rebordinos à la direction artistique il y a deux ans, San Sebastián semble voir de plus en plus clairement quel est son potentiel et où sont ses limitations, et la programmation acquiert une plus grande cohérence. Outre la section officielle, qui devient progressivement plus osée, on peut aisément naviguer entre ses divers sélections. Entre autres, « Perles » réunit les temps forts de la saison (parfois venus directement de Venise ou Toronto) ; « Zabaltegi » accueille un cinéma plus divers ; « Nouveaux Réalisateurs » est passé d’un prix transversal à une section à part entière pour des talents à suivre, et les rétrospectives (l’une monographique, l’autre thématique), donnent toujours envie de leur consacrer tout notre temps. Pour cette 61e édition, par exemple, ce sera Nagisa Oshima (annoncé bien avant sa disparition) et « Animatopía », sur les nouveaux regards dans l’animation.
Certains identifient le festival à tort à une spécialité latino-américaine, ce qui, dans la programmation, est plutôt limitée à l’excellente vitrine « Horizontes latinos ». Toutefois, c’est vrai du côté industrie, avec Cinéma en construction, en collaboration avec les Rencontres de Toulouse, et maintenant aussi un marché de coproduction qui a pour vocation de tendre un pont entre le vieux et le nouveau continent.
Le 61e Donostia Zinemaldia se déroulera du 20 au 28 septembre 2013
www.sansebastianfestival.com
SITGES
par Violeta Kovacsics
La beauté du village, situé au bord de la mer et toutes les petites maisons blanches, détonnent avec ce qui se passe dans les salles, où le sang, les cris et une multitude de mondes imaginaires prennent vie. Festival spécialisé dans le cinéma d’horreur et fantastique, Sitges est toujours fidèle au genre, mais il est devenu de plus en plus éclectique dans sa façon de l’envisager. Il y a une place pour toutes les approches : pour le regard apocalyptique de Béla Tarr dans Le cheval de Turin, pour l’homme changeant de vie et de personnage dans Holy Motors, pour l’hommage au genre et la bande-son de Berberian Sound Studio; mais aussi pour l’exploration de la violence de Kim Jee-woon dans I Saw the Devil, pour un remake de I Spit in Your Grave, pour des effets spéciaux vraiment originels comme dans Splinter ou pour les productions crazies de Sushi Typhoon. Le genre a des visages différents et Sitges a réussi à tous les montrer.
La bande-annonce de l’année dernière décrit à la perfection le public de Sitges. Une jeune fille voyageant dans un autobus voit un homme exploser et une horde de rats envahir le lieu. Elle continue à écouter de la musique sur son Ipod, comme si rien n’était. Il est très difficile d’effrayer le public de Sitges, habitué à applaudir et à rire devant les films, devant un cinéma d’action, d’horreur et de fantaisie. Sitges est une fête.
Les bons points…
Un public qui adore le genre
Le village
Le mélange entre approche sauvage du genre (La memoria del muerto, I Saw the Devil) et les digressions personnelles (Holy Motors, The Turin Horse)
La vocation d’avoir presque tous les films du genre
Une ambiance qui fait qu’un cinéaste comme Tarantino aime revenir à Sitges
Pas de dates pour la prochaine édition
MIX NYC (New York)
par Clémentine Gallot
Le Mix festival existe depuis 1987 à New York comme organisation à but non-lucratif dédiée à la visibilité du cinéma expérimental gay et lesbien. Y ont été montrés les films queer de Todd Haynes et Jonathan Caouette ou encore Blow Job d’Andy Warhol. Ses programmateurs ont depuis tissé des liens durables avec le MoMA, Sundance ou Tribeca.
Aucune date annoncée pour 2013 (Dernière édition : 13-18 novembre 2012)
Les manifestations qui ont eu lieu en janvier 2013
CLERMONT-FERRAND
par Laura Tuillier
Le festival international de Clermont-Ferrand est LE grand rendez-vous du court métrage. En plein hiver, pendant dix jours, la cité auvergnate abrite non-stop les projections des différents programmes (5 films en moyenne par séance). Côté compétition, trois sélections : française, internationale et labo pour les films les plus expérimentaux.
Si les courts métrages sélectionnés ont souvent déjà été vus dans d’autres festivals hexagonaux (Ce n’est pas un film de cow-boys a, par exemple, gagné la Queer Palm à la Semaine de la critique), on ne boudera pas son plaisir à voir réunis, cette année encore, la crème des jeunes talents. Ainsi, Vincent Macaigne (Ce qu’il restera de nous, son premier film en tant que réalisateur, avait été primé en 2012) et Benoît Forgeard (Réussir sa vie) seront réunis à l’écran dans Les Lézards de Vincent Mariette. On note également la présence d’Armel Hostiou (Rives) qui filme Vincent Macaigne (toujours lui !) dans Kingston Avenue et de Yann Gonzalez avec Nous ne serons plus jamais seuls.
Pour ceux qui s’attardent, le panorama consacré cette année aux films indiens semble alléchant. Ne pas bouder non plus les films d’animation, souvent très inventifs en format court.
Top 3
Le temps : il fait très froid soit, mais comme il neige c’est vraiment très joli
La gentillesse des clermontois, prêts à vous prendre en stop au moindre pouce levé et à débattre des films à la sortie des séances
Vincent Macaigne, omniprésent depuis deux ans et qui prend volontiers des coups avec ses fans
La 35e édition du festival de Clermont-Ferrand se déroulera du 1er au 9 février 2013
http://www.clermont-filmfest.com
ANNONAY
par Anna Marmiesse
Le festival d’Annonay consacre depuis 30 ans sa programmation à la découverte de premiers longs métrages venus du monde entier. Créé en 1983 à l’initiative de la Maison de la Jeunesse et de la Culture de cette petite ville d’Ardèche, le festival n’a pas la notoriété de Premiers Plans (Angers) ou d’Entrevues (Belfort), il s’agit avant tout d’un événement local dirigé vers le public de la région. Ce qui ne l’empêche pas de pouvoir se targuer de quelques découvertes notables.
À l’occasion de son trentième anniversaire, donc, le festival s’offre un retour sur ses plus belles réussites en diffusant les derniers films de cinéastes repérés dès leurs débuts : Joachim Lafosse, Cristian Mungiu, Asghar Farhadi seront de la partie. Comme chaque année, on pourra découvrir une belle compétition de premiers films inédits, venus cette fois d’Allemagne, du Chili, d’Israël, des Etats-Unis, de Roumanie, du Royaume Uni et du Danemark. Cette édition 2013 permettra aussi de revoir les plus beaux premiers films de l’année passée, parmi lesquels Les bêtes du sud sauvage de Benh Zeitlin, Gimme the loot d’Adam Leon, Le sommeil d’or de Davy Chou ou encore Augustine d’Alice Winocour.
Pour la petite histoire…
Le jury est composé de cinéphiles venus des quatre coins de la France. Cette année, la petite troupe de passionnés sera présidée par le réalisateur Bernard Jeanjean.
Le festival vient d’éditer un très beau « Livre des 30 ans » avec de nombreuses et riches archives presse et photo qui reviennent sur l’histoire du festival et les événements qui l’ont marqué.
Le centre-ville d’Annonay étant petit, on croise facilement les cinéastes et les acteurs qui ont fait le déplacement au détour d’une rue.
Le festival est résolument tourné vers les jeunes, qu’ils soient spectateurs (programmation jeune public) ou créateurs (sélection de courts-métrages produits en Rhône-Alpes par de jeunes réalisateurs de la région).
Annonay est la ville natale des frères Montgolfier, et en est fière. C’est vrai que c’est la classe.
Le 30e Festival International du Premier d’Annonay se déroulera du 1er au 10 février 2013
http://www.annonaypremierfilm.org/
Un vif remerciement à nos confrères festivaliers (critiques, cinéastes, programmateurs, parfois tout cela en même temps), sans qui ce petit guide n’aurait pas existé :
Mélissa Blanco, Camille Brunel, Clémentine Gallot, Arnaud Hée, Violeta Kovacsics, Anna Marmiesse, Isabelle Mayor, Thomas Messias, Pamela Pianezza, Pamela Biénzobas Saffie, Léo Soesanto, Nicolas Thévenin, Laura Tuillier.
Une photo s’imposait pour immortaliser cette collaboration. Souriez, vous êtes « accrédités » !