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Entre la Sélection officielle, la Quinzaine des réalisateurs, la Semaine de la critique, l’ACID, Cannes Classics, le Ciné de la Plage, le Marché du film ou encore Adopte un veuf à l’Olympia de la Rue d’Antibes, il y a trop de films à voir à Cannes… On vous a donc choisi un film et un seul par jour à découvrir pendant ce 69ème festival.
JEUDI 12 MAI vers 21h30 sur la plage Macé de la Croisette – Cinéma de la Plage
PURPLE RAIN d’Alberto Magnoli
En 1984, Prince fait ses débuts d’acteur. Il est le Kid, un musicien de génie en attente du succès qui lui fera quitter et le First Avenue où il joue chaque soir avec son groupe The Revolution, et la misère de la cellule familiale (père abusif, mère battue). Le héros à la moto a un rival musical et amoureux : Morris Day, le chanteur funky de The Time, l’autre groupe maison du First Avenue. Bouleversé par sa rupture avec la superbe Apollonia et par la tentative de suicide de son père, le Kid transforme le morceau pop que ses musiciennes lui soumettent en chef d’œuvre. A la fin du film d’Alberto Magnoli, la pop est reine. C’est avec un Smith et Wesson que le géniteur tente de mettre fin à ses jours. C’est le même modèle que Marvin Gaye offre à son père et dont ce dernier se sert pour ôter la vie à son fils. Le « Kid de Minneapolis » était un prince parce qu’il était le fils du roi Marvin, la voix du « paradoxe entre Jésus et le cul », disparue en 1984, l’année de Purple Rain. Deux fois nominé aux Razzie Awards, le film n’est pas, c’est indéniable, à la hauteur de la title song. Mais aujourd’hui il n’y a plus lieu de s’interroger sur ses qualités intrinsèques. Pleurer Prince devant son interprétation grandiose de Purple Rain, ça n’a pas de prix. Ce jour-là, la plage cannoise sera un torrent de larmes. (Nathan Reneaud)
VENDREDI 13 MAI à 18h30 au Grand Théâtre Lumière – Compétition
MA LOUTE de Bruno Dumont
Les temps ont changé. Il y a quelques années encore, si un camarade se plaignait de l’austérité de la Compétition cannoise, cinglant ou bien cinglé serait celui qui le chercherait à le rassurer en évoquant la projection « du Dumont »… Aujourd’hui, c’est possible. Après le triomphe de P’tit Quinquin à la Quinzaine en 2014, le lauréat du Grand Prix pour L’humanité en 1999 revient avec une nouvelle comédie sans que cette dénomination rende sceptique ou hilare. Ce qui ne signifie pas que l’on sache exactement à quoi s’attendre. Certains tiquent dès la bande-annonce face au jeu outré de Juliette Binoche, apaisés par les chanceux qui ont déjà vu Ma loute et les assure qu’elle en est la cerise sur la gâteau. Dégustation sur la Croisette et partout en France dès le vendredi 13 , en espérant que cela porte chance à son auteur. Difficile d’imaginer que le film ne soit pas son plus grand succès en salles ; à ce jour il s’agit toujours de La vie de Jésus (170 000 entrées en 1997). (Hendy Bicaise)
SAMEDI 14 MAI à 14h en salle Debussy – Un Certain Regard
HARMONIUM de Koji Fukada
En 2011, Koji Fukada réalise Hospitalité. En 2013, il signe le magnifique Au revoir l’été. Deux titres en français dans le texte. Fukada est un amoureux de Balzac et du cinéma de Rohmer. Harmonium est la première sélection de Fukada au Festival de Cannes (Un Certain Regard). On ne peut que se réjouir que son travail soit accueilli par le plus international des festivals de cinéma français. Il y sera encore question d’hospitalité. Toshio engage dans son atelier Yasaka. Tout juste sorti de prison, le jeune homme perturbe la vie de famille de son vieil ami. Avec Harmonium, qui s’annonce comme un thriller psychologique, Fukada semble changer de cap. La légèreté rohmerienne, les illusions perdues de l’amour, ne semblent pas au rendez-vous. Probable tout de même qu’il nous parle encore comédie humaine, mais cette fois, à en juger par l’affiche, sous un jour plus polanskien, plus obscur que ses films précédents. (N.R.)
DIMANCHE 15 MAI à 15h30 au Grand Théâtre Lumière – Compétition
AMERICAN HONEY d’Andrea Arnold
Première aventure américaine pour la grande Andrea Arnold (Red Road, Les hauts de Hurlevent). Star, son héroïne que l’on aime déjà pour son nom, devrait connaître elle aussi une expérience nouvelle et saisissante à travers le Midwest dans American Honey. Un voyage de près de trois heures, fait de rencontres, d’interdits, de fougue, et dont les premières images nous donnent l’impression de faire bientôt connaissance avec une cousine ricaine de la turbulente Mia de Fish Tank. Reste que l’actrice Sasha Lane pourrait se faire voler la vedette par une autre comédienne, l’inoubliable Arielle Holmes de Mad Love in New York des frères Safdie sorti en début d’année. Et puis mince, ce n’est pas même tout, il y a aussi Shia LaBeouf dans le film. Si cela ne vous suffit pas pour vous donner envie de le voir, concédez au moins que suivre les 2h42 devant American Honey sera quoi qu’il arrive moins éprouvant (même à Cannes) que ce qu’a enduré Shia et ses 72 heures passées à se regarder sur grand écran dans #ALLMYMOVIES.
+ bonus détente :
On ne risque pas de s’ennuyer devant le nouveau Andrea Arnold, mais si malgré tout, le festival devait s’avérer trop pesant ou intimidant en termes de propositions artistiques, ou si les thématiques abordées avaient tendance à vous épuiser physiquement comme aux grandes heures des prises d’otages du cinéma mexicain sur la Croisette, il serait alors nécessaire de chercher un film disons plus… reposant. Si vous obteniez un précieux sésame pour le découvrir dans la petite salle Lerins 3 du Marché du film, TerraFormars de Takashi Miike serait alors le choix idéal. Adapté du manga de Yū Sasuga et Kenichi Tachibana, il raconte l’expédition d’un groupe de japonais envoyé sur Mars pour y éradiquer les cafards utiles à sa terraformation… Bien sûr, les cafards ont quelque peu changé depuis leur arrivée sur la planète rouge. (H.B.)
LUNDI 16 MAI à 14h15 à l’Espace Miramar – Semaine de la critique
APNÉE de Jean-Christophe Meurisse
Deuxième essai cinématographique de Jean-Christophe Meurisse après le court Il est des nôtres (2013), Apnée pourrait bien décoiffer la croisette. Avec son collectif Les Chiens de Navarre, Meurisse dépoussière le théâtre contemporain depuis plus de dix ans et révolutionne les codes de l’improvisation dans un joyeux bazar où l’anarchie règne en maître et le cinéma n’est jamais bien loin. Apnée serait construit selon un principe analogue : un sujet cadre, explosé par une bande d’acteurs imprévisibles. Il s’entoure ici de trois de ses plus fidèles comparses : Céline Fuhrer, Maxence Tual et Thomas Scimeca, que l’on pourra également voir dans Le voyage au Groenland de Sébastien Betbeder à l’ACID. Le trouple loufoque traverse la France en quête d’un bonheur à son image : singulier et insoumis… Dès lors, la promesse est grande : on espère le film aussi surprenant et mémorable que le sont les pièces collectives de cette troupe d’enragés. (Marion Oddon)
MARDI 17 MAI à 16h au Grand Théâtre Lumière – Compétition
AQUARIUS de Kleber Mendonça Filho
Le très attendu Aquarius est une fausse première sélection cannoise pour Kleber Mendonça Filho. En 2005, le plus grand cinéaste brésilien contemporain présentait son court métrage Vinil Verde à la Quinzaine des Réalisateurs. Il s’agissait de l’adaptation d’un conte de fées russe. Le film est une rencontre entre le photo-roman façon La Jetée et l’absurde d’une nouvelle de Gogol. Les bruits des Recife l’aura confirmé en 2012, Filho n’est pas qu’un grand observateur de la classe moyenne brésilienne, c’est un maître du fantastique en puissance. Aquarius est le nom de l’immeuble qu’habite Clara, une ancienne critique musicale née dans la bourgeoisie recifienne. Construit dans les années 40 et situé sur l’Avenida Boa Viagem, face à la mer, l’Aquarius n’est pas loin de devenir la propriété d’un promoteur qui en rachète tous les appartements. Il ne lui manque plus que celui de Clara qui refuse de partir. La guerre est déclarée pour l’héroïne qui, paraît-il, a le pouvoir de voyager dans le temps. Tenons les paris : Filho repartira avec un prix. (N.R.)
MERCREDI 18 MAI à 15h à l’Espace Miramar – Semaine de la critique
FROM THE DIARY OF A WEDDING PHOTOGRAPHER de Nadav Lapid
On ne se plaindra pas du fait que le « pitch » de ce film court (40 min) de Nadav Lapid semble trouver son origine dans Le policier, premier long stupéfiant du cinéaste israélien découvert à Locarno à l’été 2011, et dans notre cas aux Trois Continents de Nantes quelques mois plus tard. Une séquence voyait une séance photo d’un mariage perturbée par un acte terroriste. Cette fois, le photographe de mariage serait lui-même la source du danger. La synopsis officiel, « Un photographe de mariages, épouse une mariée, en tue une autre, et rentre chez lui », renverrait presque aux Michael Haneke du début des années 1990. Ce qui pourrait se concevoir au regard de quelques parti-pris formels de Nadav Lapid, mais pas tant que cela si l’on pense aux charges émotionnelles plus directes successivement délivrées dans Le policier et L’institutrice.
A noter que le film est projeté à la Semaine dans le cadre de la « Séance 50+5 » en double programme avec Los pasos del agua, court encore plus court (12 min), réalisé par le lauréat de la Caméra d’or 2015 avec La terre et l’ombre, le colombien César Augusto Acevedo. (H.B.)
JEUDI 19 MAI à 22h au Grand Théâtre Lumière – Compétition
JUSTE LA FIN DU MONDE de Xavier Dolan
Plus fort que Louis Malle et Steven Soderbergh, Xavier Dolan du haut de ses 27 ans sera-t-il le plus jeune réalisateur à recevoir la Palme d’Or ? Même s’il est trop tôt pour le savoir, son film fait incontestablement partie des challengers. Suscitant fascination ou agacement, Dolan a toutefois su créer une œuvre suffisamment cohérente et déjà mature pour affirmer sa légitimité en Compétition. Pour son dernier film, le prodige impertinent du cinéma québécois continu son apostasie maternelle en adaptant une pièce de théâtre éponyme créée par Jean-Luc Lagarce en 1990. Atteint du sida, mort prématurément, le metteur en scène livrait alors une œuvre brûlante et écorchée avec pour objectif la mise à mort de la famille. De quoi séduire Dolan, qui revendique un peu plus sa fascination pour la France en choisissant un casting 100% hexagonal : face à un Gaspard Ulliel en fils maudit et oublié, on retrouve une Nathalie Baye transfigurée en mère vulgaire, et une famille divisée, incarnée par Léa Seydoux, Marion Cotillard et Vincent Cassel. (M.O.)
VENDREDI 20 MAI à 22h30 au Grand Théâtre Lumière – Compétition
THE NEON DEMON de Nicolas Winding Refn
Après Jim Jarmusch et son hypnotique Only lovers left alive en Compétition en 2013, c’est au tour du cinéaste danois Nicolas Winding Refn de proposer sa vision du film de vampires. Un genre peu visité en Sélection officielle et qui sera pourtant doublement représenté cette année grâce à un autre film très intriguant : Transfiguration de Michael O’Shea (Un Certain Regard). Depuis ses débuts hollywoodiens avec Drive (Prix de la mise en scène à Cannes en 2011), Winding Refn s’affirme comme un auteur incontournable. Il semble ici conserver ce qui fait son identité : concision des dialogues, rejet de tout superflu, ultra-violence soudaine, même quand il s’agit d’évoquer l’univers de la mode et de sublimer la beauté plastique. Et qui de mieux pour incarner cette figure de la perfection que la jeune et singulière Elle Fanning ? Le réalisateur marie déjà érotisme et horreur sur la bande-son originale signée Cliff Martinez (déjà producteur de celle de Drive). The Neon Demon promet une débauche de luxe, de glamour, de sang ; si bien que les comparaisons avec Glamorama de Bret Easton Ellis se font déjà entendre. (M.O.)
SAMEDI 21 MAI à 18h30 au Grand Théâtre Lumière – Compétition
ELLE de Paul Verhoeven
Retour très attendu de Paul Verhoeven, dix ans après son beau Black Book, lui faisant grâce d’intégrer pleinement le projet expérimental Tricked (2012) dans sa formidable filmographie. Adaptation de Oh… de Philippe Djian, Prix Interallié 2012, Elle sera sans doute l’un des chocs les plus chics de cette édition cannoise. Une autre année, Isabelle Huppert aurait eu un boulevard pour obtenir le Prix d’interprétation féminine avec ce rôle fragile et troublant, mais cette année la compétition est plus rude que jamais avec en face d’elle Marion Cotillard, Léa Seydoux, Kirsten Stewart, Sonia Braga, Elle Fanning, Sandra Hüller ou encore Ruth Negga. Réflexion sur la violence, la représentation de la violence, l’origine de la violence, se lovant dans toutes les zones grises possibles, Elle ne risque pas de nous ramener paisiblement à la réalité en cette fin de festival. Tant mieux, après tout. (H.B.)
Le 69ème Festival de Cannes se déroule du 11 au 22 mai 2016.