Et l’Oscar du meilleur festival revient à…
L’heure de vérité des Oscars 2014 (récompensant les films de l’année 2013) a eu lieu la nuit dernière, avec la cérémonie d’ouverture des enveloppes et de proclamation des noms écrits sur les petits bristols qu’elles contiennent. Et il en va de même pour les statuettes que dans le sport : il ne sert à rien d’être en tête à la fin des qualifications, seul compte le résultat de la finale. Bien qu’en tête de notre premier décompte réalisé à l’annonce des nominations, le Festival de Cannes l’apprend à ses dépens. Car la morale (sportive, encore) de cette 86e cérémonie des Oscars peut être formulée comme suit : mieux vaut une individualité qui brille qu’un collectif solide et homogène.
CANNES : 3 statuettes
En plus de l’Oscar du Meilleur film étranger qui lui était quasiment promis (puisque quatre des cinq films nommés étaient passés par la Croisette ; et c’est La grande bellezza qui a attrapé la queue du Mickey), le roi des festivals ne remporte que deux accessits – par la grâce d’un film présenté Hors Compétition, qui plus est. Gatsby le magnifique sauve l’honneur en gagnant les Oscars des Meilleurs décors et costumes. La lauréate Catherine Martin, épouse du réalisateur Baz Luhrmann, avait déjà réalisé le même doublé en 2002 pour Moulin Rouge !, déjà montré en ouverture à Cannes neuf mois plus tôt. Rendez-vous le mercredi 14 mai 2025 au Palais des Festivals pour découvrir le film qui lui offrira le triplé.
VENISE : 7 statuettes
Premier festival à griller la politesse à Cannes, par la grâce d’un unique film. Nommé dix fois, Gravity repart avec une brouette pleine de sept récompenses. Meilleur réalisateur pour Alfonso Cuaron, Meilleure musique, et la razzia attendue dans les Oscars techniques : Photographie, Montage, Montage son, Mixage, Effets spéciaux. Seuls lui ont échappé l’Oscar des Meilleurs décors (voir plus haut), ainsi que dans les catégories plus « nobles » Meilleur film et Meilleure actrice (voir plus bas).
TELLURIDE : 3 statuettes
Deuxième insolent qui ne respecte rien. Son champion est 12 years a slave, sacré Meilleur film avec comme numéros complémentaires les récompenses pour la Meilleure actrice dans un second rôle (Lupita Nyong’o) et le Meilleur scénario adapté (John Ridley). Comme l’an dernier (Argo), le lauréat du Meilleur film repart avec seulement trois Oscars, et ni le réalisateur, ni l’acteur ou l’actrice principal(e) n’a également été récompensé personnellement.
TORONTO : 3 statuettes
Troisième goujat. C’est Dallas Buyers Club qui permet au festival canadien d’éjecter Cannes du podium et de l’obliger à se contenter de la médaille en chocolat. Car parmi les trois Oscars du film de Jean-Marc Vallée, on en trouve un des plus prestigieux : celui du Meilleur acteur, remis à Matthew McConaughey. Son compère Jared Leto assure le doublé, avec sa victoire dans la catégorie Meilleur acteur dans un second rôle, et le travail conséquent de leurs maquilleurs est également récompensé par une statuette.
BERLIN : 0 statuette
La manœuvre crapuleuse du festival allemand, intégrant in extremis American bluff et ses dix nominations à sa sélection Hors Compétition, n’a pas fonctionné. Absolument pas, même : le film de David O. Russell est reparti les mains vides. Zéro pointé du coup pour Berlin, ça leur apprendra.
Les autres festivals :
L’Oscar du Meilleur scénario original glané par Spike Jonze (son premier) pour Her sauve le festival de New York d’une déconvenue similaire à Berlin – beaucoup de nominations (onze en ajoutant celles de Capitaine Phillips à Her) mais zéro récompense.
Le festival de cinéma de Traverse City (fondé par Michael Moore) pourra désormais se targuer d’avoir présenté en première mondiale un film ayant offert à sa comédienne l’Oscar de la Meilleure actrice : pour Cate Blanchett, dans Blue Jasmine.
Comme Cannes, Sundance avait la quasi certitude d’empocher la statuette du Meilleur documentaire avec quatre des cinq nommés. C’est chose faite, le vainqueur étant Twenty feet from stardom.
Mais en quantité, tous sont coiffés au poteau par… le festival international du film pour enfants de New York : La reine des neiges repart en effet avec deux Oscars, celui de la Meilleure chanson (autrefois un rituel pour Disney, il s’agit là du premier depuis celui de Phil Collins pour Tarzan en 2000) s’ajoutant à celui du Meilleur long métrage d’animation.