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Shérif Jackson, en compétition à Deauville, prouve que si les amis de nos amis sont nos amis, les réalisateurs qui adulent les mêmes films que nous ne font pas automatiquement des films que l’on va aimer. Loin de là.
Shérif Jackson se voudrait jubilatoire mais il ne provoque que de la tristesse. Tristesse de voir deux jeunes gens (les frères jumeaux Logan et Noah Miller, dans leur trentaine), qui ont de toute évidence vu et aimé l’essentiel des grands films de genre modernes, penser que cette passion se suffit à elle seule pour concevoir à leur tour une série B de qualité. Leur Shérif Jackson est une collection, assurément sincère mais essentiellement vaine et dilettante, puisque sans nouveauté ni apport personnel, de motifs et de scènes plagiés ailleurs. C’est bien beau de piocher chez Tarantino, chez les Coen ou même dans There will be blood de P.T. Anderson (la figure du curé-gourou et de ses ouailles idolâtres), encore faut-il avoir quelque chose d’original à quoi rattacher ces wagons d’emprunts : une signature, un propos. Pour cela un scénario serait nécessaire, mais les Miller l’oublient en route.
Ils se dispensent de développer leur intrigue autant que leurs personnages, comme s’il suffisait bien d’avoir jeté les bases prometteuses de la première (une histoire de vengeance et de sauvagerie a priori pas plus mauvaise qu’une autre) et des seconds. Les rôles singuliers de January Jones et Ed Harris avaient un réel potentiel, avant qu’ils ne soient cantonnés respectivement à une pâle copie de la Mariée de Kill Bill et à un hurluberlu dont les accès d’humour décalé tournent à vide. Autour d’eux, c’est le film dans son ensemble qui se révèle dénué de substance et même de cohérence. On finit par ne plus faire attention aux failles béantes dans le récit que s’autorisent les Miller, afin de sauter plus vite d’une séquence fun à la suivante. On finit par ne plus faire attention à quoi que ce soit, à partir du moment où il est clair que les deux jumeaux ne font que rajouter leur nom à la longue liste des réalisateurs n’ayant pas compris que ce cinéma bis contemporain est léger en apparence mais ne doit pas se prendre à la légère.
SHÉRIF JACKSON (Sweet Water, Etats-Unis, 2013), un film de Logan et Noah Miller, avec January Jones, Ed Harris, Jason Isaacs, Eduardo Noriega. Durée : 95 minutes. Sortie en France le 9 octobre 2013.