BERLIN 2017 en 15 autres films : de BARRAGE à WILD MOUSE

Lolita Chammah qui ne s’entend pas avec Isabelle Huppert, Geoffrey Rush en Schtroumpf grognon ou en inspecteur Columbo – on ne sait pas trop -, Emily Browning la bouche en coeur, Ana Polvorosa avec l’anus à la place de la bouche, Gillian Anderson qui a laissé le cintre dans sa veste de tailleur ou Josef Hader en slip dans la neige : passage en revue de quinze films vus à la Berlinale, sûrement pas les meilleurs…

 

BARRAGE de Laura SchroederBARRAGE de Laura Schroeder (Forum). Ce film luxembourgeois raconte une relation mère-fille torturée en faisant jouer les deux rôles à Isabelle Huppert et à sa fille Lolita Chammah. Une troisième génération est impliquée, mais sans lien de parenté pour l’actrice. À l’écran aussi la jeune fille sera celle par qui la transmission sera interrompue – il s’agit d’une transmission de la folie, qui rend ces êtres incapables de fonctionner correctement les uns vis-à-vis des autres sous le poids des névroses familiales qui s’amoncellent. Le sujet est fort, tout comme l’est sa déclinaison dans les héroïnes (toutes trois rendues intéressantes, car complexes, par l’écriture) et dans certaines séquences – un rêve s’inspirant de Shining, une échappée sur une rivière glissant vers La nuit du chasseur. Barrage souffre néanmoins de soucis de rythme et de construction ; il y a ainsi facilement vingt minutes de trop. Ce qui provoque un net essoufflement dans la seconde moitié, après un début prometteur en forme de dérive imprévue, semblant se construire scène après scène en même temps qu’elle se déroule devant nos yeux. L’angoisse potentielle qui monte alors en sourdine, devant cette progression un temps sans filet, restera malheureusement dépourvue d’un aboutissement réellement saillant.

DAYVEON d'Amman AbbasiDAYVEON d’Amman Abbasi (Forum). C’est le premier-long d’un assistant-réalisateur de David Gordon Green (qui le produit, avec Danny McBride) dont on comprend vite qu’il est davantage qu’un assistant, plutôt un véritable adepte. Même manière de montrer l’Americana comme un territoire urbain abandonné, même intérêt pour la jeunesse, même style visuel avec toutefois un supplément Instagram, etc. Et une simplicité, une humilité jamais prise en défaut à un ou deux chichis de mise en scène près… Dayveon est un ado noir du Sud des Etats-Unis. Il a une grande sœur, qui a un mec et un bébé. Il avait un frère, aujourd’hui mort, tué par balle. Et un gang veut le recruter. Il ne sera pas difficile à convaincre parce qu’il n’y a guère qu’un ou deux commerces pour faire événement dans ce paysage vert, quasi-sauvage, où l’on a intérêt à être d’humeur contemplative si on ne veut pas mourir d’ennui… Dayveon est un film de banlieue à la campagne, avec le rythme indolent que cela implique et le changement d’échelle qui va avec (on y braque la supérette du coin, pas un commerce bunkerisé dans un ghetto armé jusqu’aux dents). Les spectateurs des films de Matt Porterfield penseront à ce dernier, sans nier à Amman Abbasi un potentiel qui lui est propre et qu’on attend désormais de voir exprimé dans un projet plus ambitieux.

DE L'AUTRE COTE DE L'ESPOIR d'Aki KaurismakiDE L’AUTRE COTE DE L’ESPOIR d’Aki Kaurismaki (Compétition). Le cinéaste finlandais est de retour après six ans d’absence, mais il raconte presque la même chose qu’en 2011. Presque car l’actualité l’aura mené à imaginer cette fois le destin d’un jeune homme syrien ayant littéralement traversé toute l’Europe, quand Le Havre contait le périple d’un enfant d’Afrique subsaharienne. Inchangée en revanche : la rencontre du protagoniste migrant avec un homme blanc d’âge mur, français ou finlandais, mais que l’on choisira d’interpréter au choix comme un double du cinéaste ou comme une silhouette symbolique de celui qui peut décider du sort des réfugiés sur son territoire. L’opposition demeure intéressante, voire touchante si l’on fait l’effort de plaquer l’émotion supposée sur leurs visages fermés. Et l’on appréciera le slalom de Kaurismaki pour éviter les lieux communs inhérents à ce type de choc des cultures, à l’exception d’une longue et poussive séquence dans un restaurant de sushis où les personnages principaux revêtent des tenues traditionnelles japonaises, forcément incongrues… Exception qui confirme la règle kaurismakienne d’un récit de bonne tenue, où l’espoir déborde du titre, où les regards en disent longs, éclairés à merveille par Timo Salminen (fidèle du réalisateur, récemment chef op sur Jauja ou Swagger).

THE DINNER d'Oren MovermanTHE DINNER d’Oren Moverman (Compétition). Réalisateur de The Messenger, vu et aimé à Deauville en 2009, et scénariste de Love & Mercy, Oren Moverman était attendu avec cette adaptation d’un roman de Herman Koch. Malgré une fin tellement abrupte qu’elle a provoqué quelques hésitations dans les habituels applaudissements de fin de séance, The Dinner tient ses promesses. Moverman évite l’huis-clos redouté et transperce l’unité de temps-lieu-espace avec des flashbacks comme il faut, toujours éclairants mais jamais trop évidents, témoignant d’un talent à faire résonner passé et présent égal à ce qu’il était sur Love & Mercy. Ces ouvertures, loin d’aérer l’atmosphère pesante de la réunion de famille, font entrer un air de plus en plus vicié, les progénitures des convives ayant commis une faute irréparable… C’est tout l’enjeu de ce très chic dîner à quatre : savoir ce qu’il convient de faire de ces monstres qui ont pourtant grandi dans un confort certain, déterminer la part de responsabilité des parents et des enfants, etc. Entre Carnage et Le poids du déshonneur, mais plus Barbet Schroeder que Roman Polanski, The Dinner permet évidemment à ses acteurs de se livrer à quelques moments de bravoure dont aucun n’égale la performance de Steve Coogan, totalement habité par son personnage de prof émotionnellement instable et gangrené par la jalousie envers son « congressman » de frère.

EL MAR LA MAR de Joshua Bonnetta & J.P. SniadeckiEL MAR LA MAR de Joshua Bonnetta & J.P. Sniadecki (Forum). Un documentaire qui aurait peut-être plus sa place au Palais de Tokyo que dans une salle de cinéma : on n’est pas surpris en découvrant après la projection que ses deux auteurs viennent de l’art contemporain, et sont déjà passés par la section Forum Expanded justement consacrée à ces formes débordant du cadre du cinéma. Le film qu’ils composent n’en parvient pas moins à atteindre le cœur de son sujet : la frontière désertique qui sépare le Mexique et les États-Unis et que des hommes et des femmes désespérés traversent au péril de leur vie. Les choix formels tranchés du duo (grain fragile du 16mm et plans fixes pour rendre au mieux la violence inouïe du lieu ; refus d’illustrer de façon concrète les témoignages des réfugiés et de ceux qui les aident, dont la voix et les paroles prennent encore plus d’impact) composent un tableau apocalyptique, qui peut être pesant sur la durée mais s’avère d’une puissance terrible. Bonnetta et Sniadecki transforment la frontière entre deux pays en un gouffre entre deux mondes, presque au sens de la science-fiction ou de Lovecraft – un abîme où se perd l’humanité.

FINAL PORTRAIT de Stanley TucciFINAL PORTRAIT de Stanley Tucci (Hors-compétition). Si vous avez toujours pensé qu’au fond Giacometti n’était qu’un Schtroumpf grognon qui cosplayait l’inspecteur Columbo, alors ce film est fait pour vous. Geoffrey Rush porte bien l’imperméable beige, il se voûte quand il faut et finit par dire « fuck ! » à chaque fois qu’il passe plus de dix minutes devant sa toile (c’est normal, c’est à cause de l’inspiration qui ne vient pas, les artistes sont comme ça). En face de lui, Armie Hammer prend la pose américaine, épaules carrées, mâchoires carrées, tout est carré, pendant que Sylvie Testud attend que le Giaco lui lâche un peu d’oseille plutôt que de tout filer à sa bitch de « Carolaïne », prostipute française à temps complet et muse à temps partiel. Quand Geoffrey Rush doit parler français, il marmonne bruyamment en renâclant quelques mots clés bien de chez nous, jusqu’à ce que Armie Hammer se rende compte que l’heure a bien tourné, qu’on n’a pas que ça à faire, et qu’il y a une toile à finir. A la fin, il prend le tableau et ce gros bobo de Giaco meurt, mais il n’y a aucun rapport de cause à effet.

GOLDEN EXITS d'Alex Ross PerryGOLDEN EXITS d’Alex Ross Perry (Forum). Deux ans après y avoir présenté Queen of Earth, son meilleur film à ce jour et l’un des meilleurs films vus cette année-là à la Berlinale, Alex Ross Perry revient au Forum avec Golden Exits. On peut trouver ce cinéma minimaliste et statique, bavard et interminable ; ou bien savourer de voir et entendre un casting exquis – Emily Browning, Chloë Sevigny, Mary-Louise Parker, Adam Horowitz, Jason Schwartzman – venir prêter ses voix aux dialogues ciselés et piquants du réalisateur new-yorkais. Lequel gratte sous la surface de ses personnages, au fil des séquences, des vérités bien senties sur leurs relations sociales (vis-à-vis de la famille dont il est impossible de se défaire, du couple dont il n’est pas certain qu’il vaille mieux que la solitude, du travail) et névroses individuelles qu’ils entretiennent et que nous partageons avec eux. Comme dans Queen of Earth, Ross Perry emploie son sens du dialogue à la façon d’un scalpel ; mais l’examen qu’il pratique prend ici une forme finalement plus apaisée, comme une forme de maturité peut-être.

NEWTON d'Amit V MasurkarNEWTON d’Amit V Masurkar (Forum). En offrant la possibilité de voter à des villageois persécutés par des guerrilleros maoïstes, le héros idéaliste de Newton met tout le monde à égalité, comme le célèbre physicien dont il porte le nom. La gravité est l’affaire de tous, roi ou mendiant, toutes classes confondues. Elle n’est ni un droit ni un devoir. Elle est une loi physique. Newton, le personnage éponyme, voudrait transformer la démocratie en loi physique. C’est ce qui l’amènera à installer un bureau de vote dans la jungle indienne, avec la protection d’un chef militaire cynique. Leurs disputes donnent lieu à quelques scènes cocasses, plutôt inattendues dans le contexte politique dont il est question ici. Mais l’enjeu dramatique est trop mince pour nous tenir en haleine pendant près de deux heures.

PIELES d'Eduardo CasanovaPIELES d’Eduardo Casanova (Panorama Special). Pieles est une sorte de Freaks réalisé par un émule surexcité de John Waters ou du premier Almodovar. Mais alors qu’avec Tod Browning nous étions confrontés à une altérité authentique, les visages et les corps difformes qui peuplent ce premier long-métrage participent d’un goût général pour l’artifice. Les peaux étranges de Pieles sont l’oeuvre de maquilleurs compétents. Elles sont aussi factices que les intérieurs couleur lavande dans lesquels évoluent les personnages, à l’abri du monde et des regards. Browning nous mettait dans l’inconfort. Eduardo Casanova nous embarrasse avec ce montage foutraque de sketchs qui a tout l’air d’une greffe de ses courts-métrages. Il y a une complaisance un peu crasse dans Pieles : cette idée que si nous trouvons ça laid, c’est que c’est nous qui avons un problème ; cette exploitation de la difformité à des fins comiques, souvent au détriment des personnages. Deux exemples : cette obèse qui s’administre un lavement pour faire sortir par la porte de derrière les bijoux qu’elle a avalés ; cette jeune femme chez qui la bouche et l’anus ont permuté. On laisse le lecteur imaginer ce que cette inversion donne dans une scène de repas ou de viol, ou lorsqu’il faut souffler les bougies d’anniversaire… S’il ne manque pas de talent, Casanova peine à insuffler de la beauté dès qu’il s’approche un peu trop de la merde.

THREE LIGHTS de Kohki YoshidaTHREE LIGHTS de Kohki Yoshida (Forum). Aux antipodes d’un film lumineux. Les personnages de Three Lights sont piégés dans les tréfonds des névroses sociales japonaises, exprimées ici avec une violence retournée vers soi-même rarement portée à ce point à l’écran. Cela donne un long-métrage très difficile à aimer, voire à supporter, car l’accablement de ses protagonistes lui colle à la peau, s’empare de tout son être. Three lights devient une sorte de Fight club neurasthénique, où la révolte ne débouche sur aucun accomplissement. Yoshida regarde ses héros se débattre pour ne pas se noyer, alors que deux forces s’additionnent pour leur mettre la tête sous l’eau – le refus qui leur est fait de pouvoir exister individuellement dans la société sauf capacité particulière, et l’impuissance à se trouver un tel don (ici recherché dans l’expression musicale). Le film est ainsi à la fois cruel et empli de pitié pour ses antihéros, une combinaison qui a le mérite d’intriguer et de perturber.

THE TOKYO NIGHT SKY IS ALWAYS THE DENSEST SHADE OF BLUE de Yuya Ishii THE TOKYO NIGHT SKY IS ALWAYS THE DENSEST SHADE OF BLUE de Yuya Ishii (Forum). Un peu moins intéressant et poétique que son titre, la faute à une utilisation plus souvent hasardeuse et gênante que le contraire d’effets en tous genres (visuels surtout, narratifs aussi). Le réalisateur Yuya Ishii a la main lourde, mais il s’inscrit cependant dans la belle lignée d’un genre dans lequel le cinéma japonais excelle : la chronique intime, à cheval entre ville et campagne, entre désillusions professionnelles et difficultés sentimentales (les deux héros, heurtés par la vie à de trop nombreuses reprises, se refusent à tomber amoureux l’un de l’autre tout en ne pouvant empêcher le destin de les rapprocher). Personnages attachants, y compris chez les seconds rôles, situations inspirées et bien croquées, articulation réussie d’événements majeurs, intervenant à l’échelle du pays, et de leurs effets sur tout un chacun : la formule fonctionne à chaque fois ou presque et c’est encore le cas ici, la sensibilité du film l’emportant sur ses maladresses.

UNA MUJER FANTASTICA de Sebastian LelioUNA MUJER FANTASTICA de Sebastian Lelio (Compétition). On ne va pas s’encombrer de précautions alors que les producteurs du film n’en prennent pas : la « mujer fantastica » du film est un personnage transgenre. On l’apprend après seulement 10 minutes, certes, mais cette nouvelle est la plus belle chose que nous apprend le nouveau Sebastian Lelio, 5 ans après Gloria. On comprend aisément que le film refuse de se vendre sur ce twist qui n’en est pas vraiment un : ce serait un peu l’arbre qui cache la forêt (Una Mujer fantastica ne fait pas de cette annonce un événement, à raison puisque sa volonté, claire, est de filmer Marina comme la femme qu’elle veut être) et de l’eau a coulé sous les ponts depuis The Crying Game… C’est pourtant la plus belle leçon de ce film progressiste, pédagogique, peut-être trop même tant il semble s’adresser à un public hostile, dont il chercherait à faire l’éducation, en nous montrant cette personne comme n’importe quelle autre, plus douée même (elle ne chante pas que de la variété, elle fait aussi du lyrique et la manière dont le film l’amène n’est d’ailleurs pas d’une grande finesse). Or tout est dit dans ces 10 premières minutes, parce que pendant ce merveilleux laps de temps, jamais il ne vient à l’esprit de questionner l’identité sexuelle de Marina. Tout ce que nous voyons, c’est l’amour entre elle et son homme, un tendre qui s’apprête à mourir dans ses bras ou presque, ce qui pour Marina va marquer le début des ennuis… Tout ce qui vient après, pour qui est déjà convaincu, peut paraître superflu, même si Sebastian Lelio a le grand mérite de ne jamais s’écarter de sa ligne de conduite, de ne pas mettre en scène Marina comme la freak qu’elle est aux yeux de la famille de son conjoint, mais de manière plus subtile, comme une briseuse de ménage qu’on trouverait dans n’importe quel épisode de la vie conjugale.

VAZANTE de Daniela ThomasVAZANTE de Daniela Thomas (Panorama). Plus connue à l’international pour ses collaborations avec son mari Walter Salles, la cinéaste Daniela Thomas s’attaque avec Vazante à un sujet de poids : l’esclavage tel qu’il était pratiqué au Brésil au XIXè siècle. Le film prend rapidement des airs de quitte ou double, étant donnée la forme monumentale qu’il adopte – un drame brutal et cinglant de deux heures, en noir et blanc, visant donc une sorte de point médian entre Tabou de Miguel Gomes et The Birth of a Nation de Nate Parker. Vazante est malheureusement bien plus proche de l’échec du second que de la réussite du premier. La faute en incombe pour l’essentiel au déséquilibre du film, d’une part beaucoup trop démonstratif dans ses offensives et lourd dans ses effets, quand d’autre part il peine à maintenir un rythme, développer ses personnages, clarifier les points de vue. Les moyens déployés ne sont pas du tout à la hauteur des fins visées, et dès lors réduites à une note d’intention : exposer la mort lente du système esclavagiste. Et même ce point finit par se retourner en partie contre Vazante, qui met les négriers au centre de son récit (et fait des esclaves des figurants de leur histoire), et s’en tient à des événements remontant à deux cents ans, sans aucune évocation de leurs séquelles a posteriori.

VICEROY'S HOUSE de Gurinder ChadhaVICEROY’S HOUSE de Gurinder Chadha (Hors Compétition). Téléfilm illustratif et sans surprise, Viceroy’s House a retenu l’attention d’un de nos rédacteurs sur un point : sa correction dans la narration d’un événement historique considérable, à savoir l’indépendance accordée à sa colonie indienne par le Royaume-Uni en 1947, et la partition qui l’a accompagnée entre Inde et Pakistan (qui incluait alors le Bangladesh). Bien que lesté d’une histoire d’amour maladroitement plagiée sur Titanic (mais qui trouve une justification dans son rôle d’allégorie d’un espoir vacillant d’union des ethnies qui composent le peuple indien), le film ne se départit jamais d’un regard sévère sur l’enchaînement de faits qui a débouché sur une catastrophe à court (des millions de personnes frappées par les exodes et les émeutes) et long terme (la guerre larvée entre les deux pays). Viceroy’s House montre des hommes se prenant pour des dieux capables d’écrire l’Histoire derrière les murs de leurs palais luxuriants, des utopies tournant au cauchemar (le plan du dernier vice-roi anglais pour l’indépendance, le rêve de Gandhi pour ses semblables), des bonnes intentions pavant le chemin d’un enfer absurde – où l’on contraint chacun à choisir une fois pour toutes son camp, entre deux nations vouées à se haïr sans relâche depuis.

WILD MOUSE de Josef HaderWILD MOUSE de Josef Hader (Compétition). Est-ce la faute de cette édition 2017, réellement faible, ou la nôtre, qui avons été incapables d’identifier les vrais bons films ? Toujours est-il que dans un contexte moribond, un simple truc potable peut avoir des allures de sauveur. Wild Mouse est ce truc potable qui, vu dans d’autres circonstances, aurait paru à peine aimable, mais qui entre deux bidules insupportables d’ennui, éveille un intérêt. Peut-être parce que la crise masculine de la quarantaine qu’il décrit n’est pas houellebecquienne, contrairement aux habitudes récentes (il y a bien une incapacité à enfanter, mais pas de misère sexuelle), que la tonalité « douçamère » est bien tenue, que l’acteur-réalisateur Josef Hader est bon et que pour une fois, l’humour autrichien n’est ni sadique, ni aux dépens des autres. Pas de cave, une seule référence à Hitler, et il y a même une pointe de tendresse et de salvation à l’horizon. En plus, le héros est un critique musical qui prend son métier très au sérieux et qui croit vraiment que ses écrits ont de l’importance, c’est dire si on frise la science-fiction.

 

La 67ème Berlinale s’est déroulée du 9 au 19 février 2017.

 

La rédaction
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