Une année de chien pour la PALME CAT 2014

Les débats furent brefs mais particulièrement houleux. Non à cause de la pléthore de candidats potentiels – tout le contraire – mais à cause du choix délibérément politique du 67ème Festival de Cannes de privilégier les chiens au détriment de nos amis félins. Nous avons heureusement un vainqueur, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs. Il s’intitule Le conte de la princesse Kaguya, d’Isao Takahata.

 

Partout des chiens. La Palm Dog n’a pas eu à chercher bien loin ses lauréats. Entre le chien en overdose de Saint Laurent, les meutes lâchées dans les rues de Budapest dans White God et le héros canin en 3D de Godard, les chiens étaient partout. Tous les animaux étaient partout chez eux d’ailleurs à Cannes, parfois pour leur plus grand malheur : les chèvres de Kawase n’auraient pas pu monter les marches même si elles y avaient été autorisées, faute d’être encore en vie ; les vaches de Dumont ne pouvaient guère survivre à l’ingestion de membres humains ; le rat de Ryan Gosling a lui perdu la tête, etc. Nous avons vu des chevaux – et des beaux – en Anatolie (Winter Sleep) et dans le Nord de la France (P’tit quinquin), des oiseaux dans le bien nommé Bird People, et même des dragons, de toutes les tailles et toutes les formes, dans Dragons 2.

Et les chats ? Seulement trois sur la cinquantaine de films vus, dont deux étaient dessinés. Seul Bird People a eu l’audace de mettre en scène un beau spécimen chassant avec appétit un petit oiseau (qui s’en sort vivant, le prédateur se cognant finalement à une porte). White God et Le conte de la princesse Kaguya, eux, comptaient sur des chats crayonnés. Le premier, en incluant un extrait de Tom et Jerry dans une scène à l’humour douteux (nous sommes dans une fourrière, à l’endroit où les chiens attendent d’être piqués, et le dessin-animé passe à la télé). Le second, grâce à une petite chatte isabelle (reconnaissable aux trois couleurs de son pelage), qui aide la princesse Kaguya à retrouver le sourire, malgré son isolement.

Comme Isao Takahata montre un bout de vie de l’animal, d’abord châton, puis maman, lui décerner la Palme Cat 2014 est devenue une évidence et une fierté, son beau film n’ayant reçu aucune distinction sur la Croisette. Il n’en demeure pas moins qu’il nous faut rester vigilants. Après un cru 2013 exceptionnel transcendé par Inside Llewyn Davis, Ulysse et sa doublure, la 67ème édition du Festival de Cannes a délibérément ignoré les chats, jusqu’à la provocation, en profitant des disparitions d’Alain Resnais et Chris Marker, les plus félinophiles des artistes, pour s’adonner à un violent retour du refoulé canin en sélectionnant Adieu au langage en Compétition. Osons le dire : le film de Godard aurait été meilleur avec un chat.

 

Christophe Beney
Christophe Beney

Journapigiste et doctenseignant en ciné, passé par "Les Cinéma du Cahiers", "Palmarus", "Versès" et d'autres. Aurait aimé écrire : "Clear Eyes, Full Hearts, Can't Lose".

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