CINEMA DU REEL 2014 : 4 sections, 40 films, 0 fiction
La 36ème édition de Cinéma du Réel se tient fin mars à Paris, au Centre Pompidou. Comme son nom l’indique, le rendez-vous propose des films qui préfèrent capter le «réel» plutôt que de le mimer ou le réinventer. Autrement dit, un festoche de docus, c’est ça.
Les sélectionneurs du Réel s’en vantent sur la page d’accueil du site officiel, et ils auraient eu tort de s’en cacher : ils ont visionné pas moins de 2300 films documentaires pour n’en sélectionner que 40 au final. Un élagage assorti d’une condition, sélectionner au moins 10 productions françaises pour les assembler dans une section spécifique. Les trois autres compétitions réunissent des productions internationales, des premiers films et des courts-métrages.
Le coup d’envoi, lui, est dispensable. Sacro GRA de Gianfranco Rosi, Lion d’or à Venise en septembre dernier et dans les salles fin mars, s’attache au boulevard périphérique romain. En plus d’être empesé par ses embardées grossières, le film ne colle que trop bien à son sujet : il tourne en rond et reste en périphérie du centre d’intérêt qu’il s’était pourtant lui-même imposé. Passé ce tour de chauffe, les nouveaux films de Denis Côté (Que ta joie demeure, après Bestiaire), Emmanuel Gras (Trois cents hommes, après Bovines) ou encore de Kazuhiro Sôda (Campaign 2, après le 1) devraient se faire remarquer.
Le japonais Sôda est donc de retour, en Première européenne, avec un film très attendu. Les dernières nouvelles qu’il avait donné remonte aux Trois Continents 2012 et son passionnant docu-marathon de 5h30 Theatre 1 & 2 (il aime les diptyques, oui) consacré au dramaturge Oriza Hirata. Campaign 2 est la suite du docu qui l’avait fait connaitre en 2007, récit de la campagne électorale d’un candidat sans aucune expérience… mais bien entouré. Dans un contexte post-Fukushima, Kazuhiko Yamauchi se représente mais, cette fois-ci, sans argent, sans soutien, sans rien, si ce n’est un message écologique. Assurément un temps fort du Réel 2014… parmi 39 autres. Enfin, 38, Sacro GRA ne comptant pas.
Et ce, sans compter sur les projections annexes. Depuis 2012, le festival propose le rendez-vous «Arrested Cinema» pour donner à voir des films depuis des pays où la liberté d’expression est bafouée. Après la Syrie et l’Iran, c’est judicieusement la Russie qui est à l’honneur cet hiver. A l’occasion du dixième anniversaire de sa disparition, une rétrospective est aussi consacrée au travail de Jean Rouch, célèbre ethnologue et cofondateur de Cinéma du réel. Et une autre au cinéma documentaire portugais (Rui Simões, João César Monteiro, António Campos, Robert Kramer…).
Vous savez tout, vous êtes prêts pour vous immerger dans le «réel». Car rien ne peut jamais être «trop réel». Enfin, sauf pour Peter Griffin…
Cinéma du Réel se tient à Paris, au Centre Pompidou, du 20 au 30 mars 2014.
Une sélection de films de cette édition 2014 sont visibles en ligne pendant toute la durée du festival.