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Parfaitement s’inscrire dans un genre (le film de boxe) et, dans le même temps, parvenir à déjouer les attentes et les lieux communs en termes de narration comme de mise en scène : c’est là toute la réussite de Sparring, premier long-métrage en tant que réalisateur du comédien Samuel Jouy.
Au terme d’une carrière au palmarès plus que terne (49 matchs, 33 défaites), Steve Landry (Mathieu Kassovitz) est embauché par un boxeur star pour être son « sparring partner », c’est-à-dire se faire taper dessus à l’entraînement pour l’aider à préparer ses futurs combats. Première originalité du film : Steve est un boxeur définitivement moyen et le film n’est pas le récit d’une revanche, d’un exploit ou d’un retour en grâce. La question de l’argent se pose également pour Steve et sa famille mais il ne s’agit pas d’éponger une dette ou de gagner une grosse somme dans un but précis. Malgré quelques disputes, Steve s’entend bien avec sa femme et ses enfants, il ne s’agit pas de s’amender ou de se faire pardonner.
On mentionne tout ce que Sparring n’est pas, tous les clichés qu’il évite. Mais voilà ce qu’il est : un film de personnages. Le regard que le cinéaste pose sur eux, au moyen d’une mise en scène qui parie sur la durée des scènes et le plan séquence sans jamais en faire trop, est émouvant. Il y a une grande finesse dans leurs interactions, tant dans la partie familiale de l’intrigue que dans les scènes sportives. On est particulièrement touché par la relation entre Steve et sa fille, gamine au look garçon manqué. Dans les premières minutes du film, il est d’ailleurs possible de se tromper sur son genre – une ambiguïté sur laquelle le film n’insiste pas mais qui participe à ces petites touches subtiles qui lui donne des airs de « vraie vie ».
Cela passe aussi, bien sûr, par une direction d’acteurs tout à faire remarquable, où le réalisateur a sans doute mise à profit son expérience de comédien. Mathieu Kassovitz est étonnant de sobriété dans ce rôle d’athlète fatigué, résigné, sans doute déçu de n’avoir pas complètement réussi sa carrière. Pas un homme exceptionnel, juste un mec persévérant qui veut rester digne. Son épouse est interprétée par la lumineuse Olivia Merilahti, chanteuse du groupe The Dø qui a également composé la musique du film et dont c’est le premier rôle au cinéma. Autre débutant : le champion de boxe Souleymane M’Baye, dans le rôle du champion de boxe Tarek M’Bareck. Pour sa première apparition sur grand écran, il se montre extrêmement convaincant et charismatique.
La simplicité et l’authenticité de Sparring font toute sa puissance. Lorsqu’à la fin a lieu le cinquantième et dernier combat de Steve, on se fiche de savoir s’il va gagner ou pas, mais on s’émeut de le voir devenu héros de sa propre vie.
SPARRING (France, 2017), un film de Samuel Jouy, avec Mathieu Kassovitz, Olivia Merilahti, Souleymane M’Baye. Durée : 94 minutes. Sortie en France le 31 janvier 2018.