Une vache nous explique ce qu’elle aime dans son quotidien, avant d’être victime d’une crise existentielle et de réaliser que sa vie manque cruellement de profondeur et de réflexion. Elle se lance alors dans un voyage à la découverte d’elle-même, en plein désert. Un pari a priori risqué pour son réalisateur brésilien, originaire de Recife, Tião ; et pas pleinement réussi.

Truffé de références cinématographiques, de la plus évidente à la plus pointue, de Stanley Kubrick à Russ Meyer, Animal político se compose avant tout de métaphores et de symboles. L’habile utilisation de la vache pour évoquer l’humanité de façon plus large, bien que totalement maîtrisée, n’est pas des plus surprenantes… mais ça marche. En plus d’incarner l’appréhension humaine du monde, la vache est une source de comique de situation qui fonctionne très bien : la voir fumer une cigarette dans un vestiaire ou profiter d’un barbecue a le mérite d’arracher un rire. Cependant, ce n’est pas le principal objectif du réalisateur, qui s’insère dans une lignée d’artistes existentialistes, mettant en valeur symboliquement l’absurdité de la vie, la place qu’occupe le consumérisme dans notre société et la vacuité immense de l’existence.

On a la surprise de trouver un autre film dans Animal Político, mettant en scène une jeune femme « caucasienne » (La Caucasienne est le titre de ce film dans le film), totalement nue, anthropophage et raciste. Identifiée comme européenne, elle est libre mais détestable, et dégage un érotisme macabre perturbant. Ce personnage renvoie avec subtilité au passé esclavagiste du Brésil et au rôle qu’a joué l’Europe dans ce commerce ignoble.

Intriguant et relativement original, Animal político reste un film complexe, qui ravira sans doute le cinéphile éclairé, mais laissera de côté le spectateur lambda.

Louise Marmié

ANIMAL POLITICO (Brésil, 2016), un film de Tiao, avec Rodrigo Bolzan, Elisa Heidrich, Victor Laet, Thiago Gonçalo Da Silva. Durée : 75 minutes. Sortie en France indéterminée.