SÉRIES MANIA, dites oui au binge-watching sur grand écran

Désormais solidement installé dans le paysage des festivals français, Séries Mania reprend pour la sixième fois ses quartiers habituels au Forum des Images en avril, pour dix jours particulièrement remplis. L’ambition du festival est toujours aussi démesurée, et enthousiasmante : montrer des séries nouvelles, venant d’Amérique ou de partout ailleurs, par poignées entières, institutionnalisant ainsi la pratique du binge-watching dans des conditions autrement plus confortables que sur un petit écran de télévision ou d’ordinateur, dans son petit fauteuil ou canapé.

C’est d’ores et déjà une certitude, cette édition 2015 va surfer sur le regain de forme (voire la renaissance) des séries américaines, ranimées par l’arrivée des nouveaux acteurs, Netflix, Amazon, venus bousculer les modes de production et de diffusion de cet univers autrefois exclusivement télévisuel. Pour célébrer ce nouveau souffle, Séries Mania a frappé un grand coup avec l’obtention pour sa soirée de d’ouverture de la diffusion en avant-première – y compris par rapport à la diffusion américaine, programmée un mois plus tard – du pilote de Wayward Pines. Le nom du créateur et showrunner, Chad Hodge, est le seul qui ne vous dira rien parmi tous ceux à l’affiche. Le casting de cette série, dont le pitch évoque inévitablement la référence Twin Peaks (un agent des services secrets enquête sur la disparition de deux autres agents fédéraux dans une ville champêtre de l’Idaho), rassemble Matt Dillon, Carla Gugino, Juliette Lewis, Toby Jones, Shannyn Sossamon… et, petit détail, le pilote en question a été réalisé par M. Night Shyamalan. Twin Peaks + Shyamalan + avant-première : l’ouverture de festival la plus excitante du printemps ne sera peut-être pas à Cannes, mais au Forum des Halles.

En clôture, on trouve une autre série américaine, la sitcom Mozart in the jungle (trois épisodes seront diffusés), avec là encore du beau monde devant (Gael Garcia Bernal, Malcolm McDowell) et derrière (Paul Weitz, Jason Schwartzman, Roman Coppola) la caméra. Et sur la période entre le 17 et le 26 avril s’enchaîneront séances et conférences alléchantes, en quantité telle que les « classiques » du festival, marathon The walking dead (saison 5), projection des deux premiers épisodes de la nouvelle saison (la cinquième là-aussi) de Game of Thrones, passeraient presque inaperçus au milieu de cette effervescence. On ne va pas tout citer, mais presque : Daredevil par Drew Goddard, de l’école JJ Abrams (et scénariste de Cloverfield) ; Bosch, adaptation par lui-même de trois romans de Michael Connelly (avec en showrunner Eric Overmeyer, compagnon de route de David Simon sur ses chefs-d’œuvre The Wire et Treme) ; Transparent, récompensé des Golden Globes de la meilleure série et du meilleur acteur pour Jeffrey Tambor ; Empire, que son créateur Lee Daniels viendra présenter personnellement. Bon, c’est le même Lee Daniels que pour les films douteux Precious, Paperboy et Le majordome, donc on ne mettra pas cette rencontre en tête de liste parmi toutes celles proposées.

Réponse-spoiler à la question-titre de la conférence « The leftovers, série philosophique ? » : oui.

La présence d’Hagai Levi, créateur de l’excitante The affair (dont deux épisodes seront par ailleurs diffusés, dans le cadre de la thématique sur la place des femmes dans les séries) et auparavant de BeTipul (adaptée aux USA sous le titre In treatment), attise autrement plus notre intérêt. De même que les deux interventions de Matthew Weiner, à l’occasion de la fin de ses Mad Men, et que la conférence « The leftovers, série philosophique ? » consacrée à la nouvelle série merveilleuse de Damon Lindelof (Lost). Spoiler : la réponse à la question posée est oui. Par contre, pour ce qui est de la question-titre d’une autre conférence, « Sexualité féminine et séries : une révolution ? » (qui abordera entre autres The affair et Transparent), on ne connaît pas encore la réponse. Donc on ira là aussi.

À l’instar de celui du cinéma, le monde des séries est loin de n’avoir que les seuls États-Unis comme centre de gravité. Les nouvelles créations britanniques (autre pôle majeur – on vous parlait récemment de Broadchurch) et françaises seront ainsi également à l’honneur, et le festival nous emmènera dans dix des vingt-six autres pays de l’Union Européenne, puis de l’Argentine à l’Australie, d’Israël à l’Islande, du Canada à la Syrie. Peut-être pas tout à fait exhaustif, le panorama sera immense. Et gratuit pour tous, faut-il le rappeler à ceux qui espéraient encore trouver une raison de ne pas fréquenter assidûment le Forum des Images fin avril.

La 6e édition du festival Séries Mania se déroule du 17 au 26 avril 2015, au Forum des Images (Paris).