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Promouvoir le cinéma japonais indépendant, le faire sortir de sa précarité, lui apporter le soutien des producteurs étrangers, tels sont les objectifs de la nouvelle structure « Gateway for Directors Japan ». Créée en février 2014, elle présentera son beau panel de cinéastes à Cannes, du 14 au 21 mai.
En mai 2011, les Cahiers du cinéma publient un entretien avec Katsuya Tomita. L’ultra-indépendant est sur le point de boucler Saudade, une oeuvre chorale aux accents documentaires remarquée à Locarno et récompensée de la Montgolfière d’Or au Festival des 3 Continents de Nantes en novembre 2011, avant de sortir sur les écrans français en octobre 2012. Ce que l’on sait moins à l’époque, c’est que Tomita a déjà signé deux longs métrages (Above the clouds et Off Highway 20, tournés durant les week-ends et congés annuels). Ils sont financés sur ses deniers personnels et Tomita en assure lui-même la distribution. Ces films n’ont été vus qu’au Japon, jusqu’à ce que l’Ars Independent Festival de Katowice et le Festival International du Film Indépendant de Bordeaux consacrent un focus au cinéaste-ouvrier en 2013.
« Nous n’avons aucun avenir mais nous sommes décidés à continuer ! » déclare Tomita. Réalisé par Terutarô Osanaï, journaliste, traducteur et collaborateur des 3 Continents, l’entretien fait suite à un article de ce dernier sur la situation du jeune cinéma indépendant japonais : Tomita en est le fer de lance, avec des noms prometteurs comme Tetsuya Mariko (Yellow Kid, adaptation fauchée d’un manga présentée aux 3 Continents en 2010, Ninifuni, sélectionné à Locarno en 2011), Koji Fukada (Au revoir l’été, excellente comédie estivale tournée avec la modique somme de 40 000 euros), Nami Iguchi à laquelle Jean-Michel Frodon a consacré un article dans Les Cahiers du Cinéma en 2009 (« Connaissez-vous Nami Iguchi ? »). Aucun ne vit du cinéma. Tetsuya Mariko est gardien de chantier, Koji Fukada filme des mariages. Iguchi a quant à elle dilapidé la somme d’argent mise de côté par sa mère pour son mariage pour réaliser Inu-Neko, premier long métrage en super 8. Cette précarité s’explique par l’absence d’aide du gouvernement qui ne soutient que les projets « commerciaux, d’au moins 50 000 yens », explique Tomita. Saudade a coûté 5 fois moins cher. Pour Osanaï, la solution se trouverait dans la collaboration avec des producteurs étrangers. Elle permettrait de sortir ces cinéastes de leur isolement et d’inscrire leur travail dans une perspective plus internationale. Peu maîtrisent l’anglais et la plupart du temps, ils n’essayent pas de trouver des fonds en dehors du Japon.
On n’est jamais mieux servi que par soi-même. En février 2014, Terutarô Osanaï a lancé « Gateway for Directors Japan », une structure visant à faire le lien entre jeunes cinéastes japonais et producteurs européens. La première étape a consisté à lancer un concours de projets. Pour les évaluer, un comité de sélection composé de trois producteurs : Kenzo Horikoshi (Pola X de Carax, Like Someone in Love de Kiarostami), Shozo Ichiyama (Flowers of Shangai, A touch of sin) et Satoru Iseki (Furyo, Ran, L’Empereur et l’assassin).
Les quatre projets retenus sont les suivants : Bangkok Nites (Producteur, réalisateur : Katsuya Tomita, coproducteur français : Philippe Avril), Brides (Réalisateur : Ryusuke Hamaguchi, producteur : Satoshi Takata), Sayonara (Producteur, réalisateur : Koji Fukada, coproductrice française : Carine Chichkowsky), All About Fighting (Réalisateur : Tetsuya Mariko, producteur : Eisei Shu). On compte un cinquième et dernier projet entrant dans la case « Youth Category ». Il s’agit de Utopia de Shunta Ido. Le film est soutenu par Wedovideo, une agence franco-japonaise spécialisée dans la production audiovisuelle.
Deuxième étape de « Gateway for Directors Japan » : tous les cinéastes et producteurs sélectionnés seront à Cannes du 14 au 21 mai pour rencontrer d’éventuels financeurs.