« On sera comme ces familles qui s’engueulent, quittent la table et se disent « je t’aime » la fois d’après »

La conférence de presse du (très beau) jury de la 64ème Berlinale offre à la presse internationale l’occasion d’évoquer une triste actualité (l’affaire Woody Allen-Dylan Farrow, la mort de Philip Seymour Hoffman) et de faire quelques gaffes… 

D’entrée de jeu, l’affaire Allen-Farrow est évoquée : « Woody Allen a reçu des prix. Les moeurs d’un cinéaste entrent-elles en ligne de compte pour remettre une récompense ? » James Schamus, producteur-scénariste d’Ang Lee et président du jury, répond : « Les questions éthiques et morales ne nous incombent pas à nous membres du jurys, mais aux sélectionneurs ». Si les films figurent dans la compétition, c’est qu’ils le méritent. Point barre. Autre triste actualité : la disparition de Philip Seymour Hoffmann. « Sa mort a été un choc et une perte pour les gens du métier » déclare Schamus. Hommage lui sera rendu à la Berlinale avec une projection de Truman Capote pour lequel l’acteur remporta un Oscar. Contrairement à Greta Gerwig, félicitée par une journaliste pour une nomination inexistante en réalité : « Je n’ai jamais été nominée aux Oscars. Mais mon camarade à côté de moi, oui ! ». Rires. Léger malaise. La personne à côté de Gerwig n’est autre que Christoph Waltz. Et la personne à côté de Waltz ? Quelqu’un avec un fort accent français, qui en a fait le méchant de The Green Hornet : Michel Gondry.

L’emploi du temps de Gondry à la Berlinale est chargé. En plus d’assurer sa fonction de juré, il présentera dans la section Panorama Is the man who is tall happy, son documentaire consacré au linguiste Noam Chomsky. Interrogé sur ce que représente à ses yeux la Berlinale, Gondry y voit « un lieu amical ». « Ce genre d’environnement permet aux films d’exister, de rencontrer un public. Je suis excité à l’idée que Christoph Waltz voit mon film ». Gondry rappelle que le nazi distingué et polyglotte d’Inglourious Basterds a vu cinq minutes de son documentaire à l’époque où ils tournaient  The Green Hornet. De son côté, Greta Gerwig a hâte de découvrir les deux films de Josephine Decker, Butter On The Latch et Thou Wast Mild and Lovely,  le nom de Joe Swanberg étant le trait d’union entre Gerwig et la réalisatrice américaine.

« Voyez-vous le jury comme une famille dont vous seriez le papa ? » demande une journaliste à James Schamus. Vif et spirituel, il s’impose comme un personnage, la révélation de cette rencontre : « Oui, on sera comme des proches qui s’engueulent, quittent la table et se disent « je t’aime » la fois d’après. »

Nathan Reneaud
Nathan Reneaud

Rédacteur cinéma passé par la revue Etudes et Vodkaster.com. Actuellement, programmateur pour le Festival International du Film Indépendant de Bordeaux et pigiste pour Slate.fr. "Soul singer" quand ça le chante.

Articles: 222