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En Hongrie, la journée d’une famille gitane confrontée à la haine meurtrière des autochtones : Just The Wind fait de ses victimes des sous-hommes, et filme en plus les adolescentes comme un pédophile mate un jardin d’enfants.
Toujours se méfier de la Hongrie et de ses pastèques. On se souvient de Delta, film de Kornel Mundruczo, présenté à Cannes en 2008, et de son climax répugnant, où une jeune femme subissait une tournante, entre deux tranches de pastèque arrosées de vodka. Il y a une pastèque dans Just The Wind. Elle a même son importance, puisque celui qui l’apporte à la mère de la famille gitane, celle au coeur du récit, reste hors-cadre justement pour lui laisser tout le champ. La pastèque dans le cinéma d’auteur hongrois, c’est l’équivalent du compte-à-rebours invitant le public à quitter la salle qui apparaît à l’écran dix minutes avant la fin de Seul contre tous, de Gaspar Noé. Toi qui reste dans ton fauteuil après l’avoir vue, abandonne toute espérance.
Le seul enjeu de Just The Wind est de déterminer ce qui colle le plus aux yeux, entre son mépris envers ses personnages de gitans, scandé à chaque plan, ou ses plongées dans le décolleté de son héroïne adolescente. Le réalisateur, Bence Fliegauf, regarde ceux qui sont censés être les victimes exactement comme le font les hongrois du coin bien bas du front. Cette solidarité nationale force le respect : les gitans, ça ne lève pas le petit doigt pour empêcher un viol, ça ne fait rien gratuitement, c’est sale, c’est feignant et en plus c’est méchant (la seule poussée d’incivilité est à leur charge).
Bence Fliegauf ne dénonce pas, il est solidaire de ses compatriotes, mais pas seulement. Sa science des axes de prise de vue, toujours choisis pour leur capacité à souligner le sein débordant du débardeur d’une ado, ou ses fesses moulées dans son mini-short, fera sûrement des jaloux au festival du film pédophile de la prison psychiatrique de Budapest.
On pourrait s’indigner, mais on va laisser ça à d’autre et plutôt en rire, en se disant que la Hongrie s’est dotée d’un film à l’image de sa politique actuelle et que Béla Tarr et ses patates vues dans Le cheval de Turin vont décidément bien nous manquer.
JUST THE WIND (Csak a Szél, Hongrie, 2012), un film de Bence Fliegauf, avec Lajos Sarkany, Katalin Toldi, Gyöngyi Lendvai. Durée : 91 min. Dans les salles.