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Sami (Baptiste Gilliéron) est un musicien fauché et flegmatique dont la petite amie Julia (Julia Faure) décide de faire une pause dans leur relation. Pour la reconquérir, Sami reçoit les conseils moyennement avisés de son vieil ami guitariste Fernand (André Wilms). Ce premier long-métrage du Suisse Mathieu Urfer a été présenté sur la Piazza Grande de Locarno l’été dernier, avant de recevoir une mention spéciale au palmarès du festival d’Arras. Charmant, mais limité.
Pause est fondamentalement une comédie du remariage : le couple se sépare au début du film et l’on passe l’heure suivante à attendre leur réconciliation. Cette réconciliation passe avant tout par la musique : Sami compose des chansons pour épancher sa peine et reconquérir Julia. La présence de musique country et folk est la touche personnelle du projet – comme le réalisateur du film, son personnage principal est chanteur, compositeur et guitariste. C’est dans ces chansons naïves, bébêtes et touchantes que réside le cœur émotionnel de Pause.
Comme « presque comédie musicale », le film charme donc assez. Mais il déçoit quelque peu comme comédie romantique : à aucun moment les personnages n’évoluent réellement, si bien que les aléas de leur couple paraissent peu crédibles. Ni Sami ni Julia ne se départissent de leurs caractères un peu univoques et caricaturaux : lui est apathique, maladroit et je-m’en-foutiste mais mignon ; elle est débrouillarde, volontaire, joyeuse mais un peu rigide. Cette répartition très prévisible des rôles empêche le film de sortir des clichés du genre. Pause déroule alors tous les rebondissements et quiproquos attendus : l’amant supposé qui s’avère être homosexuel, la photo compromettante qui « n’est pas ce que tu crois », etc.
Avec Pause, qui reprend une idée similaire à celle de son troisième court-métrage Romance mayonnaise (2004), Mathieu Urfer réalise une chronique de la vie d’un jeune couple, racontée depuis le point de vue du garçon. Même si Sami reste attendrissant, on a clairement déjà vu ce genre de portraits dans la comédie romantique francophone : de Gaspard Proust dans L’amour dure trois ans au héros de la série Bref, les personnages de losers attachants, de mecs ahuris, nonchalants et paumés sont légion. Et ne parlons pas des personnages de « chieuses »… Autant de fautes de goût que ne sauvent qu’à moitié les sympathiques comédiens.
Le film fait preuve d’un peu plus d’originalité lorsqu’il fait intervenir Fernand, l’ami âgé et porté sur la bouteille, avec qui Sami forme un duo qui se donne régulièrement en concert. Fernand étant en maison de retraite, les deux répètent désormais entourés d’infirmières et de vieilles dames qui regardent toute la journée la télévision – et notamment les matchs de Roger Federer (plusieurs apparitions du tennisman préféré des Helvètes). Dommage donc que ce film par ailleurs doux et modeste (il dure 1h20) se replie sur des lieux communs (situations convenues, personnages caractérisés à la va-vite) pour raconter un couple d’aujourd’hui. Il reste hélas anecdotique.
PAUSE (Suisse, 2014), un film de Mathieu Urfer, avec Baptiste Gilliéron, Julia Faure, André Wilms. Durée : 82 minutes. Sortie en France indéterminée.