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Accompagné de tous ses comédiens, Lars Von Trier est venu présenter Hors Compétition à la Berlinale 2014 la version longue inédite de Nymphomaniac – première partie, seulement. La demi-heure supplémentaire n’en révolutionne pas le contenu (ce sera paraît-il le cas pour la seconde moitié), mais les détails qu’elle remet à leur place tout au long du récit ont un réel impact. Le film en devient encore plus puissant, et cohérent. Passage en revue de ces différences qui font la différence.
On peut les ranger dans deux groupes : d’une part des ramifications plus profondes, de l’autre moins de censure et donc mécaniquement plus de sexe(s). Commençons par la première catégorie, puisque c’est la deuxième qui intéresse le plus les gens. Nymphomaniac vol.1 s’enrichit de nouvelles digressions de Seligman autour de l’histoire de Joe – toujours aussi vives et plaisantes –, ainsi que de scènes additionnelles, jamais très longues, qui prolongent, infléchissent ou font écho à des moments conservés dans la version cinéma du premier volet (par exemple un échange en plus entre Joe enfant et son père dans la forêt) voire du second (un témoignage d’une des membres du groupe d’adolescentes, applaudi par ses congénères, qui renvoie à la thérapie de groupe infligée à Joe dans un chapitre ultérieur). Cela confère à Nymphomaniac vol.1 un rythme plus ample, moins heurté. Le film respire plus.
La censure, maintenant. Le terme n’est pas trop fort, quand on découvre que les coupes sèches sont allées jusqu’à frapper des choses non pornographiques – l’apparition de Joe à deux ans, le fait que l’opération à laquelle elle assiste lors du flash-back sur ses études de médecine est un avortement. En ce qui concerne les plans explicitement sexuels, ils sont effectivement bien plus nombreux. Ce qui rend au film sa cohérence, puisque dans la version raccourcie l’arbitraire règne entre les scènes intégralement caviardées et celles où subsiste des angles de vue ou inserts classés X. Et avec cette intégrité retrouvée, c’est une force nouvelle qui se dégage de la sexualité de Nymphomaniac vol.1. De toutes les séquences qui en bénéficient, le montage à trois écrans de La petit école d’orgue est celui où ce surcroît de sens est le plus sensible. Déjà excellent ce chapitre le devient encore plus, la présence des plans de sexes aux côtés de ceux de joueurs d’orgue parachevant l’analogie entre les polyphonies musicale et charnelle.