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Familiers et nouveaux venus, revenants et mutants : 3 x 3 visages pour Cannes 2013.
Léa Seydoux, Adèle Exarchopoulos et Alma Jodorowsky, actrices de La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche (en compétition)
Il n’y en avait qu’une au départ, puis deux, puis trois : à mesure que l’on en sait plus sur cette adaptation de la BD de Julie Marok, Le Bleu est une couleur chaude, l’attente qui entoure la prestation de Léa Seydoux et de ses cheveux bleus déborde sur ses partenaires. Adèle Exarchopoulos, interprète du rôle titre, a récemment fait une apparition dans I Used To Be Darker de Matt Porterfield, vu à la Berlinale 2013, après avoir attiré l’attention dans un rôle de garçonne à la voix forte dans Tête de turc de Pascal Elbé, tellement virile qu’on n’était même plus sûr d’avoir affaire à une fille. La rumeur veut que le tournage de La vie d’Adèle l’ait empêchée de repasser son bac, mais si cela lui permet de décrocher un Prix d’Interprétation à 19 ans, nul doute qu’elle s’en remettra. Alma Jodorowsky, elle, est la petite-fille d’Alejandro, qui lui passera son temps au Théâtre Croisette de la Quinzaine des Réalisateurs. Actrice, chanteuse des Burning Peacocks et mannequin, Vogue la présente comme la française à suivre. Comme nous sommes plutôt Saint-Thomas que Vogue, nous attendrons de la voir à l’écran, avant de la suivre.
Carey Mulligan, actrice de Gatsby le magnifique de Baz Luhrmann (ouverture, hors-compétition) et Inside Llewyn Davis des frères Coen (en compétition)
L’actrice anglaise révélée en 2010 par Une éducation, qui lui valu une citation à l’Oscar de la meilleure actrice, choisit a priori bien ses films et ses partenaires. Ryan Gosling (Drive) et Michael Fassbender (Shame) lui ont déjà fait les yeux doux (oui, Michael et elle étaient frère et sœur chez Steve McQueen, c’est dégoûtant). Au tour de Leonardo DiCaprio et Justin Timberlake de s’y essayer. Mulligan montera deux fois les marches à quatre jours d’intervalles. Elle a donc un long week-end pour damer le pion à tous ces beaux messieurs sur la Croisette et dans les esprits. Si elle commence par exhiber la mouette tatouée sur son poignet, en référence à la pièce de Tchekhov, qu’elle a jouée à Londres et à Broadway, ce sera un très bon début.
Guillaume Gallienne, auteur, réalisateur et interprète de Les garçons et Guillaume, à table ! (Quinzaine des Réalisateurs)
Il peut tout faire, il peut tout jouer. Pour Les bonus de Guillaume sur Canal Plus, il pouvait être la directrice de casting Béatrice Chateckel, Antonio Banderas, Mary Poppins, Peau d’Ane, les Desperate Housewives (toutes), Spider-Man ou Harry Potter. Son goût prononcé pour le travestissement n’est jamais vulgaire, toujours subtil. Il devrait faire merveille dans l’adaptation de son spectacle autobiographique et seul en scène, consacré en partie à ses relations très particulières avec cette mère qui l’a toujours considéré à part de ses frères, au point de brouiller l’identité sexuelle de sa progéniture. Même si c’est à Françoise Fabian d’interpréter le rôle de la mère, on voit mal comment Gallienne pourrait ne pas assouvir sa soif de mimétisme et livrer une belle performance d’actrice.
Christophe Beney
Alejandro Jodorowsky
«La plupart des réalisateurs font des films avec les yeux. Moi je les fais avec mes couilles», avait déclaré Alejandro Jodorowsky. Une déclaration à ne pas lire au sens propre, au risque de s’inquiéter pour la santé du cinéaste, qui n’avait plus tourné depuis 1989 (Santa Sangre). Le romancier-bédéiste-mime signe son grand retour en tant que réalisateur cette année, à la Quinzaine des réalisateurs, où il présente La danza de la realidad. Un projet financé sur Internet, tourné dans son village natal de Tocopilla, qu’il annonce comme son plus personnel, celui qui permettra aux fans de La montagne sacrée ou d’El Topo de comprendre notamment d’où lui vient son goût pour le surréalisme. Jodorowsky connait même cette année une double actualité cannoise grâce à un documentaire de Frank Pavich, lui aussi sélectionné à la Quinzaine. Le bien-nommé Jodorowsky’s Dune revient sur l’adaptation avortée du roman Dune par Jodorowsky, dix ans avant la sortie du film de David Lynch. Un projet qui aurait dû réunir Moebius, Pink Floyd et Dali…
Bruce Dern & Will Forte
Le festival n’a pas débuté qu’une rumeur enfle déjà : Bruce Dern va remporter le Prix d’interprétation masculine pour Nebraska d’Alexander Payne. Raisonnables, attendons de juger sur pièce, malgré tout le bien que l’on peut penser de l’acteur, bouleversant dans Le retour (Hal Ashby, 1978), drôle et inquiétant plus récemment dans Twixt (Francis Ford Coppola, 2012). Avant lui, Bryan Cranston, Jack Nicholson et Robert Duvall ont été approchés pour tenir ce premier rôle, celui d’un père alcoolique qui renoue avec son fils, voyageant avec lui du Nebraska au Montana. Attention à ce que son partenaire à l’écran, Will Forte, ne lui vole pas la vedette. Les performances à contre-emploi ont souvent du succès. Dans le cas de Forte, ce pourrait donc être un triomphe… car il part de loin (comme le montre bien la photo ci-contre…).
James Franco
Il y a quelques années, c’était Takashi Miike. Plus récemment, son compatriote Sono Sion. Depuis peu, le nouvel artiste dont aucun festival qui se respecte ne semble pouvoir se passer, c’est James Franco. La présentation au Certain Regard de son long-métrage As I lay dying, adaptation ambitieuse d’un roman des années 1930 de William Faulkner, a déjà des allures de consécration pour Franco-réalisateur. Il achève le grand chelem, avec un troisième long d’affilé, celui-ci visible à Cannes, succédant au docu-fiction Interior. Leather Bar (Berlin 2013) et à un biopic sur Sal Mineo (Sal, Venise 2011). Il s’agit là de son septième long puisque James Franco avait réalisé quatre films dans les années 2000, tous aussi écrit et interprété par ses soins : parmi eux, une adaptation de sa propre pièce de théâtre (Fool’s Gold) ou l’histoire d’une collocation délicate entre un écrivain et un gorille en t-shirt hawaiien (The Ape). Jamais usé, l’acteur (il est aussi acteur, sachez-le) a une douzaine de projets en cours. Six ou sept en tant que comédien, quatre nouveaux long-métrages à tourner d’ici fin 2014, sans compter sa collaboration avec l’artiste Marina Abramovic, qui réaliserait actuellement un documentaire sur lui. Possible donc, que sa présentation d’As I lay dying au Théâtre Debussy soit incorporée dans ce futur projet. Qui, bien entendu, sera visible d’ici quelques mois dans un festival majeur.
Hendy Bicaise
Vincent Macaigne et la famille du nouveau jeune cinéma français.
Révélé avec Un monde sans femmes de Guillaume Brac, Macaigne est un des visages incontournables de cette édition 2013. Si Brac avait terminé Tonnerre , son premier long, à temps, on l’aurait certainement trouvé dans une sélection parallèle. Et Macaigne, son acteur-fétiche, avec, qui cumule trois films cannois (un privilège d’habitude réservé à Mathieu Amalric). On verra l’acteur-réalisateur à l’ACID dans Deux automnes, trois hivers de Sébastien Betbeder et La bataille de Solférino de Justine Triet, et à la Quinzaine dans La fille du 14 juillet d’Antonin Peretjatko.
Chez Justine Triet, il partagera l’affiche avec les réalisateurs Virgil Vernier et Arthur Harari, le frère de Tom Harari, qui n’est autre que le chef opérateur d’Un monde sans femmes, de Vilaine fille, mauvais garçon de la même Justine Triet et plus récemment d’Orléans…de Vernier. Une famille dont Macaigne est une sorte de grand frère, de symbole. La présence de cette relève dans chacune des sélections parallèles – à la Semaine de la Critique, on mise aussi beaucoup sur Les Rencontres d’après minuit de Yann Gonzales, sans Macaigne cette fois – n’est pas un hasard. Il faudra y être attentif.
Marine Vacth dans Jeune et jolie de François Ozon.
Que sait-on de Marine Vacth à part qu’elle est jeune et bien jolie et que son nom sonne presque comme Marina de Van, l’ancienne collaboratrice d’Ozon ? Avant d’incarner une étudiante qui se prostitue par plaisir, Vacth a débuté comme mannequin à l’âge de quinze ans, avant de devenir l’égérie du parfum « Parisienne » d’ Yves Saint-Laurent et jouer aux côtés de Vincent Cassel dans le spot pour « La Nuit de l’homme ». Entretemps, elle aura débuté au cinéma avec Ma part du gâteau de Klapisch. Suivra Ce que le jour doit la nuit d’Alexandre Arcady.
Jeune et jolie s’annonce comme un récit en quatre saisons, ponctuée par quatre chansons. Ce que Ozon avait déjà expérimenté avec 5 x 2. A l’origine, sa chronique mi-Lelouch mi-Bergman devait s’appeler Nous deux. C’est à un autre magazine populaire, destiné aux jeunes filles, que le cinéaste français fait référence avec son nouveau film, sélectionné en Compétition. Ozon aime le kistch. Néanmoins, on devrait le retrouver ici dans sa veine sèche et épurée, initiée en 2001 avec Sous le sable. Du cinéma de chambre, dans tous les sens du terme.
Joaquin Phoenix dans The Immigrant de James Gray.
Il est toujours là. Joaquin est revenu. Il n’a cessé de revenir dans les films de James Gray. C’était le fils prodigue, le héros tragique tenté de s’éloigner du cercle familial et de sa classe sociale puis ramené au bercail par on ne sait quelle force : le destin, la communauté, la famille. La famille, c’est le destin. La mobilité sociale vendue par l’Amérique est un mythe. Gray a peut-être irrité pour cette conscience politique, pour cette sensibilité de classe, toute européenne, certainement héritée de Visconti.
Dans The Immigrant, ce n’est plus Joaquin qui s’en va du « home » mais la polonaise Ewa (Marion Cotillard). Arrivée à New York, l’immigrante fait la connaissance de Bruno qui la prend sous sa coupe et la force à se prostituer. Ça fait bien longtemps qu’on ne l’a pas vu dans un rôle de « villain ». Gladiator et The Yards sont loin maintenant. Au tour de Phoenix d’être « The Master », l’homme influent.
Nathan Reneaud
Le 66e Festival de Cannes se déroule du 15 au 26 mai 2013