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George Lucas vend Lucasfilm à Disney qui annonce aussitôt la mise en chantier d’un septième Star Wars pour 2015. Ce nouveau volet, inespéré, pourrait compter sur une sélection cannoise, comme les deux derniers épisodes en date. Sauf que le Festival de Cannes n’est pas un supermarché où les Jedi peuvent faire leurs courses. En l’absence de George Lucas derrière la caméra, il faudra un ou une cinéaste aguerri(e) aux commandes pour justifier la venue sur la Croisette. Et Cannes en a vu des tas. Passage en revue des habitués du Festival, susceptibles de donner à Star Wars un nouvel… élan.
Star Wars 7 : le gamin au sabre de Luc et Jean-Pierre Dardenne
Le pitch : Sur la planète Tatooine, Luke Skywalker travaille dans la ferme de ses parents, aux côtés de Jawas sans papier. Quand l’un des Jawas meurt, écrasé par un tracteur, le père de Luke préfère enterrer le cadavre plutôt que de rendre des comptes à l’inspection du travail. Dégoûté, le jeune Luke veut partir, mais il a besoin d’argent. Il projette d’échanger sa petite sœur contre un sabre laser quand il découvre, en plus de tout ça, qu’il est un enfant adopté…
L’accueil du public et de la critique : Avec Jérémie Rénier dans le rôle de Luke et un Olivier Gourmet peint couleur or dans celui de C3PO, le film remporte deux prix d’interprétations masculines exæquo à Cannes 2015. Le public ne suit pas, ni le merchandising : personne ne veut acheter de figurines du Jawa écrasé sous son tracteur, surtout à 300 euros la pièce, la fabrication des jouets ayant été délocalisée de la Chine aux Flandres.
Star Wars 7 : le cheval de Tatooine de Béla Tarr
Le pitch : Sur la planète Tatooine, Luke possède un Tauntaun, sorte de croisement entre le lama et l’autruche. Problème : cet animal préfère le grand froid de la planète Hoth, à la chaleur de Tatooine. A mesure que la bête se laisse dépérir, un soleil disparaît, puis deux. Noir.
L’accueil du public et de la critique : Béla Tarr a accepté le projet, à la surprise générale. Débarqué de son école de cinéma suite à la fronde d’élèves n’en pouvant plus de manger des patates tous les jours à la cantine, le réalisateur hongrois se lance un nouveau défi. Radical. C’est le premier Star Wars en noir et blanc, sans un seul effet spécial (le Tauntaun reste hors champ), sans la musique de John Williams, sans texte défilant en introduction. Le film se compose de trois plans-séquences. Le dernier, le plus long (près de 7h30), montre l’anti big bang prodigieux signant la fin de l’univers, mais comme tout se déroule dans le noir complet, on ne voit rien. Ours d’argent à Berlin.
Star Wars 7 : Funny Wars de Michael Haneke
Le pitch : Les rebelles font construire un oreiller géant intersidéral pour étouffer une Etoile Noire qui n’en finit plus d’agoniser. Au moment où ils croient avoir réussi, Dark Vador rembobine le film avec une télécommande, jusqu’au début de 2001, l’odyssée de l’espace. On découvre alors que le monolithe noir est en fait la fameuse télécommande. Aucun oreiller ne pourra quoi que ce soit contre elle.
L’accueil du public et de la critique : Contrairement aux précédents films de Michael Haneke, celui-ci est un gouffre financier. C’est aussi le Star Wars le plus couteux. La faute à la confection d’un oreiller géant de 100 kilomètres de côté et 350 mètres de haut, Haneke refusant le recours à une quelconque maquette. Boudé par les festivals, ce Star Wars vaut à Disney d’être racheté par TF1 qui annonce aussitôt une saga de l’été basé sur l’univers imaginé par George Lucas, avec Ingrid Chauvin et Edouard Montoute.
Star Wars 7 : celui qui se souvient de ses vies antérieures d’Apichatpong Weerasethakul
Le pitch : Chewbacca voyage dans le temps sans bouger, à la recherche de ses congénères Wookies, à toutes les époques.
L’accueil du public et de la critique : Les spectateurs sont déroutés par ce film en deux parties. Si la première contient tout ce qui peut convenir à un Star Wars (bêtes qui parlent, hommes singes, jungle, mysticisme), la deuxième laisse perplexe : on découvre que toute la saga Star Wars est en fait le rêve d’un soldat en quête de père, obsédé par la célèbre phrase de Dark Vador, « je suis ton père ». Déroutant, surtout que la clé de tout cela est laissée à un bonze muet dont le langage des signes est traduit par un poisson obsédé sexuel. Si ce Star Wars ne remporte rien à Cannes, il réconcilie un temps tous les fans d’hommes-singes de toutes sortes et ouvre les portes d’Hollywood à Weerasethakul, embauché pour réaliser Paranormal Activity 6.
Star Wars 7 : 4 millénaires, 3 centenaires, 2 ans de Cristian Mungiu
Le pitch : Padme est enceinte d’un enfant qu’elle ne désire pas. Elle se fait avorter clandestinement, l’IVG étant interdite par l’Empire. Luke ne vient jamais au monde. Les épisodes 4 à 6 n’ont plus de raison d’être.
L’accueil du public et de la critique : Le film déclenche des vagues de suicides collectifs partout dans le monde. La faute à sa sinistrose, mais surtout aux conclusions à en tirer : les épisodes 4 à 6 relevant du pur phantasme, ils sont retirés de la vente et détruits. La critique salue un geste radical et fait de Star Wars 7 le film de l’année.
Star Wars 7 : Antéchrist de Lars Von Trier
Le pitch : Padme préfère s’envoyer en l’air avec Anakin plutôt que de surveiller le petit Luke, qui se défenestre en voulant imiter le vol du X-Wing. Il réussit d’ailleurs tout bien, mais rate son atterrissage. Folle de douleur, Padme part s’exiler sur la lune forestière d’Endor. Harcelée par les Ewoks, elle décide de s’exciser sous leurs yeux, au sabre laser. Elle se loupe et finit cul de jatte. Comme elle n’a pas encore assez souffert, les Ewoks lui enfoncent des clous rouillés dans les mains, avec un marteau en forme de phallus.
L’accueil du public et de la critique : A peine revenue en grâce au Festival de Cannes, après le triomphe de Nymphomaniac, Lars Von Trier est de nouveau déclaré persona non grata, à cause de son traitement des Ewoks. Les petits oursons mignons deviennent, entre ses mains, l’incarnation de la culpabilité de l’héroïne, une figure à la fois vengeresse et saint-sulpicienne, les agents d’un dolorisme rédempteur. La presse s’écharpe. Les Cahiers du Cinéma font un numéro spécial femme avec un Ewok en porte-jarretelles, en réaction à la couverture du Point consacré aux liens étranges entre les Ewoks et la franc-maçonnerie.
Star Wars 7 : Solitude céleste de Sofia Coppola
Le pitch : Leïa est une princesse qui s’ennuie. Elle a bien R2D2 et C3PO à ses côtés, mais ce ne sont pas des humains. Elle règne sur 18 systèmes solaires, mais ce ne sont que des astres. Sa vie change quand elle fait la connaissance de Han Solo, un brigand et surtout, la promesse d’une aventure.
L’accueil du public et de critique : Le cinéma de chambre de Sofia Coppola n’est pas du goût des fidèles de la saga. Ces derniers reprochent à ce nouveau volet ses plans vides de sens (ces vues dans l’espace, quand Leïa tourne autour de Tatooine à bord de son vaisseau pendant des heures), ces anachronismes (elle porte des Pump de Reebok) et sa bande-son (toutes les musiques de John Williams sont réorchestrées par les Strokes). La critique est partagée entre la reconnaissance du courage artistique de la réalisatrice, fidèle à sa vision du cinéma malgré les enjeux, et le manque d’ambition.
Star Wars 7 : L’humanité de Bruno Dumont
Le pitch : Anakin ne sait ni lire, ni écrire, mais il a la Force. Comme il ne sait pas ce que c’est, et encore moins quoi en faire, il regarde l’horizon de Tatooine pendant 90 minutes. Quand il a fini, il massacre des hommes des sables, sauf un, qu’il viole.
L’accueil du public et de la critique : Une version non finalisée est présentée à Cannes. C’est à cause d’elle que Bruno Dumont est interdit de territoire aux Etats-Unis. Le film ne sort jamais en salles.
Star Wars 7 : My Precious de Lee Daniels
Le pitch : Jabba le Hutt rêve de devenir une star. Le pauvre mène pourtant une vie misérable, au sein d’une société intolérante. Car Jabba est différent : oui, il pèse une demi-tonne, oui, il laisse des traînées verdâtres et gluantes sur son passage, et oui, il mange au KFC, mais il a un cœur. Il entend bien le prouver, même si cela doit passer par des scènes répétées de défécation et de golden showers grandes comme des geysers.
L’accueil du public et de la critique : Ce Star Wars créé d’abord l’événement par son casting. Le rôle principal échoie à Christina Aguilera qui, pour l’occasion, prend 300 kilos et se plonge régulièrement dans des bains de jus de poulets rotis. Le drame survient lors de la montée des marches du Festival de Cannes. Arrivée tout en haut après une ascension héroïque entamée la veille, Christina bascule en arrière et roule jusqu’en bas. Le temps de distinguer dans la masse informe qu’elle est devenue, les bras, des jambes, la tête, d’un pied, et la star agonise dans les plis de sa propre graisse. Les quatre oscars reçus à titre posthume (meilleure actrice, meilleur maquillage, meilleur effet spécial et meilleurs effets sonores, car Christina pète elle-même, et merveilleusement, tout au long du film) n’atténuent pas la tristesse des fans.
Et vous, lequel choisiriez-vous ?