Les douze premières fois d’Olivier Assayas
A l’occasion de sa masterclass, Olivier Assayas raconte ses premières fois. De Zola au spiritisme, des peintres Hollandais à Superman, de Sonic Youth aux Beatles, d’Alain Pacadis à Philippe Manoeuvre, de Métal Hurlant aux Cahiers du Cinéma : l’occasion de dresser un portrait… presque chinois.
Première influence
Son père, scénariste et réalisateur, réfugié d’Amérique latine, lui transmet une vaste culture littéraire et un goût évident pour l’art. Sa mère, styliste de mode, lui communique son respect pour l’art, en particulier la peinture, et son adoration de la culture italienne.
Premières lectures
Le jeune Olivier pioche dans l’immense bibliothèque de son père, mordu de lecture. Il se construit un univers littéraire très éclectique où Zola et Balzac côtoient des ouvrages de science-fiction, d’épouvante ou dédiés au spiritisme.
Premier contact avec la musique
Assayas et la musique, c’est une véritable histoire d’amour. Comme la plupart des enfants du rock, il grandit avec les chansons de Dylan et des Beatles (Yellow Submarine est son premier album), puis s’oriente vers un rock indépendant alors nettement plus difficile d’accès. Le voilà obligé de capter des radios étrangères pour écouter les derniers titres du moment. « C’est la rareté du rock qui lui donne une valeur symbolique. On s’intéresse davantage à une chose qu’on met du temps à trouver plutôt qu’au tout-venant ».
Première approche artistique
A 15 ans, il commence à peindre, la forme d’expression la plus naturelle chez lui (et la moins onéreuse). Ses inspirations sont variées : Warhol, Lichtenstein, Bonnard et Bacon, mais aussi le siècle d’or hollandais. Il sait déjà qu’il fera du cinéma plus tard mais pense quand même comme un peintre.
Premier texte publié
Alain Pacadis est à Libération. Assayas lui envoie le compte-rendu du festival punk rock de Mont-de-Marsan. Une fois corrigé, son texte est inséré dans le corps d’un autre article de Pacadis.
Premier texte publié en rapport avec le cinéma
Assayas envoie un article et des dessins au magazine Métal Hurlant lorsqu’il revient de Londres où il travaillait sur le tournage de Superman (c’est à cette aventure qu’il consacre son reportage). La publication est dirigée parPhilippe Manoeuvre, qu’il connaît par le biais du monde de la musique. Son texte est pris mais pas les croquis, à son plus grand regret.
Première collaboration à une revue de cinéma
En 1980, il entre aux Cahiers du Cinéma. Ayant fait les Beaux Arts et des études de lettres, Assayas n’a pas de formation cinématographique. Et c’est à la rédaction des Cahiers qu’il se forme. Il se passionne pour le cinéma américain du moment et les films d’horreur. « Les cahiers ont été une étape théorique entre l’écriture et la pratique du cinéma ».
Premier film
Désordre en 1986
Second premier film
L’Eau Froide en 1994. Assayas le qualifie de « second premier film » à cause d’une dimension autobiographique que n’a pas Désordre.
Premier coup de cœur artistique
Pendant l’écriture de son film Irma Vep, Assayas bloque sur un élément qui l’empêche de continuer à écrire. C’est Sonic Youth, qu’il écoute en même temps qu’il rédige, qui lui permet de trouver la solution et de continuer à écrire le script. C’est à eux qu’il commande sa première bande originale, celle de Demonlover.
Première impression
A l’étape du casting, c’est au coup de cœur que fonctionne Assayas. Il ne fait pas passer d’essais à ses comédiens.
Première obsession
Le cinéaste reste marqué par les années 70, qu’il fait revivre dans nombre de ses longs métrages : Carlos, L’Eau Froide, Après Mai… On mettra ça sur le compte de la nostalgie : Assayas était autrefois engagé politiquement et revendiquait sa proximité avec la mouvance autonome et libertaire.
Et parce qu’il n’y a pas d’âge pour vivre ses premières fois, Olivier Assayas est le premier parrain de cette première édition du Festival International du Film Indépendant de Bordeaux…
Chloé Damaret