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Cette 33e édition met à l’honneur le cinéma nippon, invite le mexicain Arturo Ripstein et programme un inédit de Jafar Panahi en film de clotûre. Clou du spectacle : une soirée consacrée à l’art du benshi en présence d’une spécialiste mondialement reconnue. Plutôt se faire seppuku que de rater ça !
Pour les passionnés des cinémas dits du Sud, les 3 Continents restent une référence. C’est à Nantes, dans les salles du Katorza et du Cinématographe que l’on a découvert Wong Kar-Wai, Abbas Kiarostami, Souleymane Cissé, Tsai Ming-liang, Jia Zhang-Ke. La dernière édition a révélé d’autres talents du cinéma indépendant. On pense à Zhao Dayong, que les festivaliers globe-trotters purent recroiser deux mois plus tard à Rotterdam. Zhao y présenta My Father’s House, un témoignage passionnant, sans parti-pris (c’était là tout son intérêt), sur l’évangélisation de la petite ville de Guangzhou par des immigrants du Niger. Passionnant aussi parce que Zhao offrait le contrechamp à l’implantation économique de la Chine sur le continent africain.
L’autre nom qui vient à l’esprit est Tetsuya Mariko, jeune cinéaste japonais aussi inconnu que prometteur. On lui doit Yellow Kid, ou le récit d’un jeune homme fasciné par l’univers du manga, qui en vient à confondre fantasme et réalité. Un bon prétexte pour mélanger prises de vues réelles et bande dessinée. Ce fut fait de manière habile. Yellow Kid apparut alors comme une sorte d’anti-Kick Ass, sans complaisance à l’égard de sa propre violence, avec un sens moral qui manque cruellement au film de Matthew Vaughn.
Cette 33e édition marque le passage de relais de la Chine à son voisin japonais. Dans le cadre du 100e anniversaire de la Nikkatsu (la société de production qui a lancé Mizoguchi, Imamura et le « roman porno »), les 3 Continents proposent une vingtaine de raretés allant du début des années 20 à la fin des années 80. Ce focus est complété par une soirée spéciale consacrée à l’art du benshi, l’équivalent nippon du bonimenteur de cinéma.
Connue pour avoir renouvelé le genre, la japonaise Midori Sawato est la grande attraction de cette soirée, avec les deux classiques qu’elle viendra commenter : La Marche de Tokyo de Kenji Mizoguchi et Jirokichi The Rat de Ito Daisuke. Plutôt se faire seppuku que de rater ce moment unique. De même qu’il faudra être attentif à Saudade, l’ « oublié » de Locarno pour Libération, une œuvre que Variety situe au croisement de The Wire et Weerasethakul, même si le quotidien américain affirme qu’il ne leur arrive pas à la cheville. Le film de Katsuya Tomita est sélectionné en compétition aux côtés des chinois People Mountain, People Sea et The Sword Identity, tous deux présentés à la dernière Mostra, l’un en tant que film-surprise, l’autre, première œuvre du romancier Xu Haofeng, dans la sélection parallèle Orizzonti.
Hors compétition, on retrouve trois découvertes de Cannes 2011 : Chatrak du sri-lankais Vimukthi Jayasundara (lauréat de la Caméra d’Or en 2005 avec La terre abandonnée), une dénonciation de la globalisation qui frappe l’Asie du Sud-Est en général et l’Inde en particulier. Remarqué à la Quinzaine des Réalisateurs, Sur la planche de Leila Kilani annonce un renouveau du cinéma marocain. Enfin, le cheminement de la mexicaine Miss Bala (sélectionné au Certain Regard cannois cette année) mérite d’être vu pour sa virtuosité, ses superbes plans-séquences (à croire qu’il est devenu une signature des cinéastes sud-américains), quand bien même cette virtuosité s’opère au détriment du narratif, trop léger, quasi-inexistant.
La vraie star mexicaine de Nantes est Arturo Ripstein, connu aussi pour avoir été l’assistant de Buñuel. Une rétrospective lui est consacrée, en sa présence. Les festivaliers pourront ainsi voir en avant-première Les Raisons du cœur, son adaptation de Madame Bovary de Flaubert. Un autre hommage est rendu à Mani Kaul, grand documentariste indien disparu en juillet 2011.
Deux programmations thématiques enfin. La première s’interroge sur « La Figure du Héros ». On y verra entre autres Opération Dragon avec Bruce Lee et La Forteresse cachée de Kurosawa, qui servit de référence à Lucas pour Star Wars.
Intitulée « Dans les rues de Kaboul », la deuxième programmation présente les travaux d’une nouvelle génération de cinéastes afghans, tous formés à l’atelier Varan, un centre de formation à la réalisation documentaire. Elle fait suite au dispositif « Enfants de Kaboul », mis en place en 2008. L’influence du cinéma direct de Jean Rouch y est revendiquée mais il n’est pas interdit de penser au néoréalisme italien, ce cinéma d’enfants des rues et des ruines, livrés à eux-mêmes. A l’instar de la petite fille du Miroir de Panahi, l’inédit qui vient clore la manifestation nantaise.
En bonus, le programme de la rétrospective Arturo Ripstein :
Le Château de la pureté (1972)
Le Palais Noir (1976)
Le lieu sans limites (1977)
L’Empire de la fortune (1986)
The Beginning and The End (1993)
La Reine de la nuit (1994)
Carmin profond (1996)
The Ruination of men (2000)
Such is life (2000)
La 33ème édition du Festival des 3 Continents de Nantes se déroule du 22 au 29 novembre 2011.
Découvrez également la bande-annonce du festival :
Pour plus d’informations :
http://www.3continents.com/le_festival/accueil.html