Que voir à Dinard ?

Du 5 au 9 octobre se tiendra le 22ème Festival du Film Britannique de Dinard. Si la sélection se hisse au niveau de l’édition précédente, le FFBD devrait proposer les tout meilleurs films venus d’Outre-Manche à sortir courant 2012.

L’avantage d’une programmation dont le dénominateur commun est la nationalité des oeuvres projetées est de pouvoir concilier unité et variété. La sélection donne le pouls de la production britannique de l’année et témoigne de ses multiples formes possibles. L’édition 2010 avait su proposer en avant-première française des films aussi différents que We want sex equality de Nigel Cole (Prix du jury), Cherry Tree Lane de Paul Andrew Williams, Neds de Peter Mullan ou Faites le mur ! de Banksy. Le 22ème FFBD promet lui aussi quelques temps forts.

La compétition, qui ne comprend que six films, sera un terreau de découverte. Seul You Instead, chronique de deux rock stars et pieds nickelés, n’est pas un premier long-métrage. Il est l’oeuvre de David McKenzie qui débarquera en Bretagne d’autant plus confiant que le jury dinardais lui avait décerné la récompense suprême en 2007 pour My name is Hallam Foe. Les cinq autres néo-cinéastes ne sont pas forcément inconnus pour autant. Ou du moins, leurs noms sont parfois familiers…

Pour son premier essai, Jim Loach, fils de Ken, ne semble pas se contenter d’enfiler le costume du paternel mais compte bien en redéfinir les coutures : Oranges and Sunshine n’est pas un simple drame social, c’est the drame social. A la lecture du synopsis, It’s a free world ! sent la bluette face à cette évocation sans équivoque de la déportation d’enfants britanniques au Canada et en Australie, alors exploités pour accomplir des travaux forcés.

La bande-annonce en VO de Oranges and Sunshine, avec Emily Watson :

Il faudra dès lors compter sur John Michael McDonagh, quant à lui frère de Martin (Bons baisers de Bruges, 2008) pour redonner le sourire aux festivaliers : L’irlandais fleure bon le « buddy movie » à l’ancienne. Brendan Gleeson, après une dizaine d’années de rôles exotiques, retrouve sa terre natale dernièrement foulée en 1998 dans l’inoubliable Général de John Boorman. Face à lui, un brillant agent du FBI (Don Cheadle) débarque en Irlande et doit composer avec son tempérament de flic bourru.

Paddy Considine a, peut-être, lui aussi un frère voire un père mais, dans son cas, les spectateurs dinardais s’en moquent un peu. En revanche, son nom peut leur évoquer quelque chose. Connu en tant qu’acteur chez Jim Sheridan (In America) ou Shane Meadows (Dead Man’s Shoes), il s’essaye au format long avec Tyrannosaur suite à un premier court-métrage réalisé en 2007 (Dad Altogether). Le film semble décrire l’usuel cheminement du chaos vers la rédemption pour le protagoniste, incarné par Peter Mullan (My name is Joe). Olivia Colman  (la série «Peep Show») et Eddie Marsan (Be Happy) lui donnent la réplique.

La bande-annonce de Tyrannosaur, là encore sans sous-titres :

Week End et Behold the lamb complètent la compet’. Le premier narre la première nuit d’amour, agitée, d’un couple homosexuel et le second embarque son tandem dans un road-movie supposément farfelu. La perplexité naturelle que l’on peut éprouver envers cette forme narrative qui se fait, trop souvent, arme de scénariste en manque d’inspiration se trouve ici renforcée par une lecture approximative de la bio du cinéaste, proposée sur le site officiel du FFBD : « John McIlduff, réalisateur de pubs pour de grandes marques de lessive (…) ».

Au-delà des six titres de la compétition, le festival rend hommage à John Hurt et Harold Pinter, offre un focus sur le cinéma écossais (corpus regroupant seulement les films du pays visibles dans les différentes sections…) et programme quatorze avant-premières.

Curieusement, ce ne sont pas des films d’auteurs plus confirmés qui gonflent les rangs de cette section parallèle. Là encore, beaucoup de premiers longs et quelques documentaires. Le plus intriguant reste Jig, à sortir le 30 novembre en salles, que les fans de Riverdance attendent d’un pied ferme et remuant : Sue Bourne y suit plusieurs concurrents au 40ème championnat du monde de danse irlandaise.

Pas de sous-titres, mais c’est de la danse… la bande-annonce de Jig :

Le clou du spectacle pourrait néanmoins être la projection de quatre épisodes de This is England’86, à la fois sequel et adaptation télévisée du film (presque) éponyme de Shane Meadows. La bande de punks, skinheads et autres laissés-pour-compte se reforme alors que le chômage est au beau fixe sur l’Angleterre et ensemble, ils cherchent un avenir plus radieux. De son côté, le réalisateur Menhaj Huda abandonne, lui, les bandes enragées de Kidulthood et Adulthood pour conter les premiers pas d’un apprenti DJ dans Everywhere and nowhere.

Pour voir de fortes têtes, 44 Inch Chest devrait toutefois faire l’affaire : Malcolm Venville y réunit quelques unes des gueules les plus glaçantes du cinéma britanique pour une sombre affaire de kidnapping : Ray Winstone, John Hurt, Ian McShane, Tom Wilkinson… Si le casting ne vous semble pas faisandé, l’année de production de ce thriller pourrait suffire : 44 Inch Chest date de 2009.

A noter aussi la présence hors-compétition d’un autre film du « compétiteur » David McKenzie : Perfect Sense, avec Eva Green et Ewan McGregor. Pressenti comme un pendant britannique à Contagion, Blindness ou Pontypool, le cinéaste y suit le destin de deux amants alors qu’une maladie se répand, faisant perdre à la population toutes perceptions sensorielles.

Et le trailer VO du très attendu Perfect Sense :

A l’autre bout de l’éventail, In love with Alma Cogan, premier long-métrage de cinéma de Tony Britten, ne promet rien de renversant (le quotidien d’un directeur de théâtre municipal) mais le parcours de son auteur intrigue déjà plus : Britten débute dans le septième art mais reste connu pour une composition que les fans de foot entendent en boucle les soirs de grands matchs depuis plus de 20 ans, puisqu’il est le compositeur du thème de la Ligue des Champions…

La variété , à tout prix, reste bien une donne essentielle pour le festival dinardais.

Hendy Bicaise
Hendy Bicaise

Cogère Accreds.fr - écris pour Études, Trois Couleurs, Pop Corn magazine, Slate - supporte Sainté - idolâtre Shyamalan

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