MARUSSIA d’Eva Pervolovici
« Tourner avec une enfant est très difficile. Il faut savoir capter la magie de l’instant » déclare Dinara Droukarova, l’actrie principale de Marussia. La magie semble bien s’être emparée de ce long métrage, inspiré d’un amour véritable entre une mère et sa fille délaissées.
Troublante de justesse dans un rôle maternel, Dinara Droukarova a su, accompagnée d’une équipe de tournage internationale, sublimer l’énergie de sa jeune partenaire. Dans son propre rôle d’enfant miséreuse mais heureuse, la petite Marussia adoucit la dureté du réel grâce à son imagination débordante. Filmée de son point de vue, l’histoire nous transporte dans la fantaisie naïve de l’enfance.
Les désillusions sont toutefois nombreuses, et les difficultés de tous âges se confrontent. Elle ne peut percevoir totalement les sacrifices de sa mère, sacrifices dont nous, spectateurs, avons conscience. L’instinct maternel du personnage de Dinara protège l’innocence de son enfant et lui transmet une force sans pareille, décuplée par leurs luttes.
Pourtant, la lucidité de Marussia lui impose peu à peu la cruauté du monde. Si sa mère et elle semblent toutes deux rejetées malgré les soutiens reçus, leur attachement mutuel leur permet de franchir les obstacles.
Dépouillée de biens matériels mais comblée par l’amour de sa mère, Marussia est heureuse. « Mais qu’en sera-t-il dans les années à venir ? » demande la réalisatrice, Eva Pervolovici. Si les hypothèses quant au futur d’une personne ayant vécu une telle enfance sont innombrables, il est un fait qui ne peut être nié : quand sa mère l’habille en fée pour déambuler dans les rues de Paris, on a l’assurance que cette petite fille peut, d’un coup de baguette magique, voir le monde différemment.
Lara Baranowski
MARUSSIA (France, Russie, 2013), un film d’Eva Pervolovici, avec Dinara Drukarova, Marie-Isabelle Shteynman, Dounia Sichov. Durée : 82 minutes. Sortie en France indéterminée.