Le cinéma français vu d’ailleurs
Les nombreux festivals internationaux accordent généralement une belle place au cinéma français. Mais comment ce dernier est-il perçu à l’étranger ? Les critiques américain et néerlandais Jordan Mintzer, Boyd van Hoeij ont débattu de la question avec Léo Soesanto, directeur artistique du FIFIB.
Des protagonistes torturés, qui fument et font l’amour dans de luxueux appartements parisiens, sur fond de drames familiaux : voilà le stéréotype du film français à l’étranger.
Ce cliché est pourtant contredit par des productions françaises calquées sur le schéma typique hollywoodien. L’Arnacoeur, par exemple, contient les ingrédients favoris de la recette américaine : amour impossible, évocation d’un succès filmique passé (Dirty Dancing) et happy end. Intouchables, carton à l’étranger, tient également de la success story pleine de bons sentiments. Avec une différence : il garde son caractère bien français, notamment par son humour typique, selon Jordan Mintzer du Hollywood Reporter et Boyd van Hoeij critique pour le même média et également de Variety et Indiewire. Au contraire de films « formatés », comme un « récent film de volcan » dont Jordan Mintzer préfère préserver l’anonymat, produit uniquement pour l’export et où tout semble faux…
Si la qualité de certains laisse donc à désirer, la France demeure le premier pays non anglophone exportateur de films. Cela peut être étonnant considérant les divergences d’opinions propres à chaque pays. Les experts évoquent d’ailleurs « un fossé entre la critique française et le reste du monde ». Certains réalisateurs sont « portés aux nues » par nos journalistes et totalement ignorés ailleurs. Un phénomène flagrant à Cannes, où les critiques sont encore plus nombreux et de nationalités encore plus diverses qu’ailleurs. Il est vrai que les Français y ont pour habitude de particulièrement vanter leurs propres productions. Une réévaluation est parfois effectuée par la suite, le film faisant face à une controverse tardive, comme c’est le cas de La Vie d’Adèle. Sauf que celui-ci fut acclamé par un public international. Après tout, c’est un Américain, Steven Spielberg, qui lui a remis la Palme d’Or.
Lara Baranowski
En complément, la réponse à une question bonus : en quoi la notion d’auteur, très franco-française, s’oppose-t-elle au copyright américain ?
Vidéo : Jérémie Robert