Utopiales 2011 : la science-fiction en sursis

Seul festival majeur de Science-Fiction multimédia en France, les Utopiales possèdent encore et toujours cet atout. Concernant la section Cinéma, le festival nantais avait touché le fond l’année dernière. La curiosité prenant le pas sur la rancune… passage en revue des films programmés du 9 au 13 novembre prochain.

Deux des films en compétition l’an passé sortent en France ces jours-ci, directement en DVD : Promotheus et Glenn 3948, le robot volant. Effets spéciaux bricolés, intrigues minimalistes… ces deux objets navrants concourraient aux côtés de films rarement plus enthousiasmants (seul le charmant Mars de Geoff Marslett, voyage sur la planète éponyme en rotoscopie, su tirer son épingle du jeu). Reste que le principal reproche fait aux Utopiales 2010 ne concernait pourtant pas le niveau artistique déployé sur ses écrans mais l’amateurisme généralisé de la manifestation. Les présentations par  Frédéric Temps avaient déjà de quoi irriter, le sélectionneur qualifiant sans retenue certains films de « mineurs » et d’autres de « chefs d’oeuvre » avant de les soumettre au jury et au public (son chouchou, Earthling, repartit d’ailleurs avec le Grand Prix). Le plus navrant restait le niveau technique des projections : diffusions de DVD ou Blu-Ray sur grand écran, avec plantages, pauses intempestives et autres apparitions de menu-titre avant le lancement du film, eurent raison des festivaliers les plus patients.

Et pourtant, chaque année, à défaut de pouvoir privilégier une quelconque concurrence, des milliers de spectateur sont ravis de se déplacer à Nantes pour découvrir y une demi-douzaine d’ovnis SF, des court-métrages (l’an passé, Yuri Lennon’s landing on Alpha 46 d’Anthony Vouardoux et A gentle creature de Marc Roels étaient les deux réussites à ne surtout pas manquer !) ou encore quelques classiques et perles rares (Taxandria de Raoul Servais, Timescape de David Twohy et Les 5000 doigts du docteur T de Roy Rowland seront, entre autres, projetés cette année).

La bande-annonce VO du meilleur film de l’édition 2010 :

Pour faire plus ample connaissance, quelques mots sur les sept long-métrages de la Compétition internationale :

–  Les immortels, de Tarsem Singh. La présence parmi les sept films en lice pour le Grand Prix de cette oeuvre, plus couteuse et imposante qu’aucun autre prédécesseur nantais, est une surprise de taille. De la part de l’auteur de The Cell et de The Fall, il est pensable que ce cousin du Choc des Titans en soit finalement des plus éloigné.

–  Endhiran, de S.Shankar. La bande-annonce du film fait un buzz monstre sur le net depuis quelques mois Les Utopiales offrent enfin le loisir de juger le film pour lui-même, qui s’apparente à un bloc de 3 heures, avec un héros cloné sur l’action-star nipponne Riki Takeuchi et des références à gogo (Terminator, Matrix, etc.). Prévoyez les aspirines, il s’agit sans doute de la migraine du festival.

Petit florilège des scènes d’action les plus délirantes d’Endhiran :

–  Beyond the Black Rainbow, de Panos Cosmatos. Mis en scène par le fils du réalisateur de Rambo 2, ce huis-clos minimaliste devrait se trouver aux antipodes de la gargantuesque machine SF made in Bollywood de S. Shankar.

–  Eva, de Kike Maillo. Annoncé comme le pendant espagnol d’A.I de Steven Spielberg, chacun pourra souhaiter que la comparaison s’avère juste et que le film ne lorgne finalement pas plus du côté de Glenn 3948. Avec, dans le rôle principal, l’acteur de Goodbye Lenin et Inglourious Basterds : Daniel Brühl.

–  Verbo, d’Eduardo Chapero-Jackson. Avec cette histoire d’adolescente s’inventant un monde imaginaire peuplé de créatures étranges, ce sont les douloureux souvenirs de Mirrormask de Dave McKean (Utopiales 2005) qui refont surface. Dans sa présentation, toutefois, le site officiel précise que l’auteur se réclame avant tout de Miyazaki et Selick. Ouf ?

–  Love, de William Eubank. Un homme seul, en orbite, en proie à ses pensées par milliers face à l’infini. Avec un tel pitch, le film aurait pu se résumer à un acteur coiffé d’un aquarium retourné sur la tête et recroquevillé au fond d’un garage. La bande-annonce, qui percute images cosmiques et vues de la Guerre de Sécession, laisse espérer une création plus riche et singulière, possiblement dans la vaine de The Fountain (Darren Aronofksy, 2006).

–  Extraterrestre, de Nacho Vigalondo. Une comédie espagnole sur fond d’invasion extraterrestre, où toute l’action semble se dérouler hors-champ ou l’intégrer via divers écrans. Espérons que le résultat sera plus proche de Signes (M. Night Shyamalan, 2002) que de l’imbuvable farce italienne L’ultimo terrestre (Gian Alfonso Pacinotti, 2011).

Découvrez la bande-annonce, sans sous-titres, de Love, l’un des films les plus attirants de la compétition :

A noter que trois des sept films ne seront pas projetés au Palais des Congrès mais dans une salle d’un cinéma Gaumont à proximité. C’était déjà le cas de Megamind l’an passé, ce qui avait occasionné un surcout tarifaire pour les festivaliers. Si cette majoration venait à se répéter cette année, il s’agirait là du premier grief notable à l’encontre des organisateurs… avant même de pouvoir juger la qualité intrinsèque des films et la rigueur allouée à leur projection. Verdict sur place dès le 9 novembre.