Venise, comment ça marche ?

Brève présentation des cinq sections de la sélection officielle et des deux sélections indépendantes de la 68ème Mostra. Avec des bandes-annonces et un film entier en bonus.

La sélection officielle compte cinq sections. La principale, c’est la compétition, sobrement nommée Venezia 68. Vingt-trois films sont en lice pour le Lion d’Or, dont un, le « film-surprise », ne sera connu des festivaliers qu’au jour et à l’heure de sa toute première projection. L’année dernière, The Ditch (Le fossé), de Wang Bing, était l’invité mystère de ce rituel à double tranchant, comme l’a prouvé l’exode d’une partie des spectateurs dès l’apparition du nom du cinéaste chinois à l’écran. Les téléspectateurs d’Arte qui l’ont vu lors de sa diffusion en avril 2011 ont pu constater depuis que les déserteurs avaient bien tort.

Aux côtés de la catégorie reine, l’habituelle sélection hors-compétition, peuplée d’œuvres inclassables (Tormented de Takashi « The Grudge » Shimizu, avec son lapin tueur en 3D ; Mildred Pierce, le feuilleton de Todd Haynes, cinq épisodes d’1h chacun), de productions hollywoodiennes (Contagion de Steven Soderbergh), de réalisations d’auteurs consacrés par la critique (Chantal Akerman et La folie Almayer, Philippe Faucon et La désintégration), et de gros coups médiatiques (Madonna et Al Pacino pour leurs nouveaux films en tant que réalisateurs, W.E. et Wilde Salome).

Pour le plaisir, la BA de Tormented de Shimizu en VO :

Et celle de Contagion de Soderberg en VOST elle :

Orizzonti s’impose comme un mélange du Certain Regard et de la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes, un espace dédié aux films plus fragiles ou réputés plus exigeants. Compte-tenu du peu de sens qu’ont ces deux notions aujourd’hui, il serait préférable de parler d’espace bis, d’un prolongement hétérogène chargé de regrouper les productions laissées dans la queue de la comète Venezia 68. Yves Caumon, Pippo Delbono, Jonathan Demme (avec un documentaire), James Franco, Marina de Van et Shinya Tsukamoto sont de la partie.

Mieux vaut ignorer le Controcampo Italiano qui, comme son nom l’indique, se consacre à un cinéma italien dont l’indigence ces dernières années n’invite pas du tout à la découverte, pour jeter un œil à sa sœur old school, Orizzonti 1960-1978 – composée uniquement de films expérimentaux italiens de la période – et vite passer aux deux sélections indépendantes.

La Semaine de la Critique est l’une d’elles. L’année dernière, sa 25ème édition avait révélé Angèle et Tony d’Alix Delaporte, scénariste repentie de Plus belle la vie. Cette année, côté français, c’est à Cyril Mennegun de présenter son premier long-métrage, Louise Wimmer, après avoir notamment réalisé en 2005 un documentaire intitulé Tahar l’étudiant, avec Tahar Rahim, futur César du meilleur acteur pour Un Prophète (et mari de Leïla Bekhti, parce qu’un bonheur n’arrive jamais seul), dont voici un extrait :

L’autre sélection indépendante, Venice Days, regroupe habituellement des films parfois déjà présentés dans d’autres festivals auparavant, ou dont la sortie est imminente dans leur pays de production (comme Café de Flore, de Jean-Marc Vallée, avec Vanessa Paradis), sauf cette année. C’est là qu’il faudra être pour découvrir le nouveau Lou Ye, Love and Bruises, tourné à Paris, avec Tahar Rahim (bis), ou le dernier documentaire de Frederick Wiseman, consacré au Crazy Horse. Deux films qui prouvent la richesse d’une sélection dont les plus beaux représentants débordent sur les sections les plus discrètes.

Christophe Beney
Christophe Beney

Journapigiste et doctenseignant en ciné, passé par "Les Cinéma du Cahiers", "Palmarus", "Versès" et d'autres. Aurait aimé écrire : "Clear Eyes, Full Hearts, Can't Lose".

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