En festivals puis… « Direct to Video » # 1

Ils ont été sélectionnés en festivals, puis sortent aujourd’hui directement en DVD… sans passer par la case ciné en France.

Si la notion de « Direct to DVD » n’est plus aussi péjorative qu’il y a quelques années, les vendeurs internationaux considèrent parfois encore comme un échec de ne pas voir leurs poulains de festivals projetés dans les salles françaises. Dans certains cas, celui du film-choc The Human Centipede ou de Paranormal Activity : Tokyo Night, relecture nippone du célèbre faux reportage horrifique d’Oren Peli, la sortie « DTV » semble toutefois parfaitement indiquée, et le succès plus assuré.

Après avoir défrayé le chronique partout où il fut présenté depuis près de trois ans, seulement détrôné dans son registre par l’ultra-violent The Woman de Lucky McKee, The Human Centipede est enfin visible ce 13 octobre dans nos contrées via Seven 7. La simple mention du pitch suffit à faire reculer nombre de cinéphiles, le film contant une expérience chirurgicale inédite : un médecin légèrement toqué entend créer un mille-pattes humain en reliant ses cobayes par un seul et même tube digestif. Ceux qui l’ont vu en festival, ou téléchargé illégalement (difficile de les blâmer quand le film met plus de deux ans à sortir), précisent souvent que le résultat reste plus supportable que sa promesse éminemment trash.

La BA du très particulier The Human Centipede, en VOSTF :

Présenté en première mondiale au «Far East » festival d’Udine en Italie, Paranormal Activity : Tokyo Night a l’avantage de sortir dans les bacs français ce 1er octobre (lui aussi chez Seven 7), soit quelques petites semaines avant la diffusion en salles du troisième épisode de la franchise (le 19 octobre 2011). Redoutablement ennuyeux une heure durant (comme ses deux ainés), Tokyo Night propose ensuite une séquence d’effroi plus marquante que n’importe quel mouvement de draps, feuilles ou portes, enregistré par Peli jusqu’alors. En plus de fusionner les trames des deux volets américains – souhait retranscrit à l’image par l’utilisation de split-screens dévoilant les actions de l’esprit sur un frère et une soeur en simultané – Tokyo Night fascine totalement lorsqu’il insuffle l’imagerie horrifique nippone post-Ring au coeur de l’écrin « documenteur » d’origine.

La bande-annonce en VO de Paranormal Activity : Tokyo Night avec des images de spectateurs effrayés, procédé emprunté au trailer de Rec :

Reparti grand vainqueur de la même édition du festival de cinéma asiatique d’Udine, Aftershock du chinois Xiaogang Feng (A World Without Thieves) revient sur le tremblement de terre de Tangshan de 1976. Son film catastrophe fut fréquemment critiqué pour son choix, forcément malhabile, de laisser majoritairement hors-champ les morts pour se concentrer sur une poignée de survivants. De quoi raviver les douloureux souvenirs de La Rafle, dans lequel Roselyne Bosch narrait elle aussi une tragédie notoire pour en sauver, miraculeusement, les personnages principaux. Autre film venu de Chine, La 14ème lame de Daniel Lee débarque enfin grâce à Universal (depuis le 4 octobre). Il fut un temps où ce film de sabre avec Donnie Yen (IP Man) aurait été hongkongais et ses dialogues débités en cantonnais plutôt qu’en mandarin. Ce n’est plus le cas. Les scènes d’actions pâtissent-elles de la nouvelle nationalité de ce Wu Xia Pian ? Le récit, qui se porte sur les gardes impériaux de la dynastie Ming, est-il contaminé par un sous-texte de propagande, souvent inhérent aux grandes productions de la Chine continentale ? Sa sortie tardive en DVD permet au moins de vérifier ces craintes.

A noter la sortie d’un autre film que l’on attendait plus, celle de Code 46, thriller futuriste de Michael Winterbottom (Jude, The Killer Inside Me) avec Tim Robbins et Emily Watson. Présenté à la Mostra de Venise et à Toronto en septembre 2003, discrètement visible via différentes plate-formes de VOD depuis quelques années, c’est avec huit ans de retard que Sony prend une belle initiative en distribuant en DVD cet élégant récit d’anticipation.

Remarqué dans de nombreux festivals en 2008, Visioneers est quant à lui disponible le 13 octobre 2011 via Seven 7. Après Very Hot Tub, Very Cold Trip, Very Bad Deal, Very Bad Santa, Very Bad Cops et Very Bad Cop (oui, c’en est un autre), c’est au tour de cette comédie noire de science-fiction de faire les frais des quatre millions de spectateurs des deux Very Bad Trip en étant bêtement renommée Very Big Stress, quitte à dénaturer le propos du film. La jaquette parle d’ailleurs de « comédie explosive » ; une phrase d’accroche probablement outrancière, mais plutôt appropriée pour qui la lira au sens propre, puisque le film évoque le cas singulier d’employés de bureaux stressés au point d’exploser, littéralement.

A défaut d’être hilarante, la curieuse bande-annonce VF de Very Big Stress :


Enfin, pêle-mêle, il faudra aussi retenir les sorties DVD de :

–  The Loved Ones, disponible en VOD depuis plus de six mois mais en DVD le 11 octobre chez Universal. Ce huis-clos nerveux de Sean Byrne a gagné le Prix du Jury à Gérardmer 2011.

–   Super Hybrid, relecture de Christine de John Carpenter par Eric Valette (Maléfique, La proie) qui, après l’échec de son remake du One missed call de Takashi Miike, a courageusement décidé de retenter l’expérience américaine. Son film était, lui aussi, présenté à Gérardmer hors-compétition en janvier dernier. Sur place, les échos furent nettement plus mitigés.

–  Stake Land (Aventi), une histoire de chasseurs de vampires présentée à L’étrange Festival début septembre et à Toronto en 2010, où il reçut le prix du public dans la section « Midnight Madness ».

–  et surtout, surtout, un titre à éviter à tout prix : Prometheus – Commando stellaire, qui était notamment en compétition aux Utopiales de Nantes en novembre 2010. La jaquette concoctée par l’éditeur Condor Entertainment pourrait faire illusion et tromper quelques DVDvores imprudents. Après le court Batman : Dead End qui faisait défiler à l’image tous les super-héros en dix minutes tel un rêve de nerd éveillé, le premier long-métrage de Sandy Collora se résume à  deux acteurs filmés dans un terrain vague singeant la course-poursuite interminable d’un extra-terrestre en plastique et d’un chasseur de primes inter-galactiques en pyjama.

Voici donc la BA de Promotheus (à ne pas confondre avec le prochain Ridley Scott) :

Hendy Bicaise
Hendy Bicaise

Cogère Accreds.fr - écris pour Études, Trois Couleurs, Pop Corn magazine, Slate - supporte Sainté - idolâtre Shyamalan

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